Hauteluce 2

Les valis­es déposées, nous mar­chons jusqu’au vil­lage. L’auberge du Mont-Blanc a un nou­veau pro­prié­taire. Il a dis­posé des four­rures d’ours sur les chais­es en bois. Nous frap­pons. Le pan­neau dit “ouvert”, la salle est éclairée. Nous revien­drons. A l’en­trée du vil­lage, il y a cette mai­son des anci­ennes douanes. Elle est per­cée. La route passe à tra­vers la mai­son. Je me demande com­ment on y vit. Les deux jam­bages sont trop étroit pour y met­tre des lits, la par­tie supérieure est sous toit. Tout manque. La route con­tourne ensuite le choeur de l’église et dévale. Puis elle monte jusqu’à Belleville où elle finit en impasse sur un départ de téléphérique. Que pou­vaient con­trôler ces douanes? Une dame appelle son chien. Je ne le vois nulle part. Elle passe près de nous, grimpe un escalier, réap­pa­raît sur le bal­con de la mai­son per­cée. Là, un chien aboie. Une porte claque, le silence est revenu. A Luv et Aplo, je désigne une vit­rine. Un ani­mal empail­lé y était exposé. Un san­gli­er  la gueule prim­i­tive et noire. Ses crocs élancés ressem­blaient aux ivoires des éléphants. Une notice écrite à la main pendait autour du cou. L’an­i­mal, dis­ait-elle, est un spéci­men unique, incon­nu dans la région, venant peut-être de Slovénie. L’ar­cade a été ven­due, elle est repeinte. La vit­rine est vide. De retour à l’Auberge, nous frap­pons. Il y a de la musique à l’in­térieur. Nous voyons une sec­onde porte. A notre entrée, une clo­chette tinte. Un verre de vin à la main, le patron sort de la cui­sine. 
-Votre porte est fer­mée!
Il tourne la poignée et tire. Tire encore. Hausse les épaules. Tourne la clef, ouvre. Un peu de neige glisse sur le toit. Elle s’écrase sur la pavé.
-Est-ce qu’on peut encore ski­er?
-On peut, fait le patron. Jusqu’à demain après-midi.