Sans nouvelles de Pablo, le propriétaire. Je me demande s’il a passé un après-midi à recoller les chaises. Après avoir tenté de me joindre six fois (je n’ai pas répondu), il m’écrit qu’il fera de son mieux, mais — dit-il — “je ne crois pas avoir les clefs de l’appartement”. Tant de roublardise, explique que le pays soit sympathique. Et manque de perspectives économiques.
Mois : novembre 2016
Soviets
Lu pour la première fois Tintin chez les soviets. Anti-bolchévisme radical d’Hergé. Cette vignette dans la fin de l’album m’a fait rire: Tintin revient de Russie, il aperçoit au loin des cheminées qui fument et, en signe de victoire, les bras dressés au ciel, s’écrie: “Berlin, enfin!” Un homme tel que François Hollande qui n’a jamais réussi à regarder la chose qu’il avait entre les jambes devrait prendre leçon sur ce réalisme.
Armoire
Si je te montre l’armoire dans laquelle tu auras à habiter, tu te rebiffes. Si je te montre l’armoire et je te dis que c’est encore la meilleure la solution, tu hésites. Mais si je t’explique que cette armoire dans la quelle tu auras à habiter, bien des gens te l’envieront et que, de plus, en acceptant, tu fais acte de générosité eu égards à des crimes dont tu t’es rendu coupable, tu te résignes et tu fais un pas en avant.
Pléiades
Au coucher du soleil, le train nous dépose aux Pléiades. Nous marchons les derniers mètres dans une neige sèche. Des Tamouls photographient une bonhomme édifié par des enfants. Un couple de randonneur, aphones comme sont désormais les Suisses, progressent sur la pente. La femme répond à mon salut, puis pénètre dans le brouillard. Quand il s’effiloche, le lac apparaît. L’eau est gris plomb. Les traces des bateaux évoquent une gravure. Aplo et Luc chaussent des snowboards et s’élance. Monfrère est à l’orée du bois. Je le rejoins accompagné de Luv. Elle s’agite sur une bosse, près d’un lapin de neige. Elle a froid. Ses bottes de caoutchouc sont pleines de poudreuse. Elle ne veut pas les retirer: les pieds glacés sont sans réaction. Nous cheminons sous les arbres. Maintenant, il fait nuit. Nous empruntons la voie ferrée. De temps à autre, il faut se retourner pour s’assurer qu’aucun train ne vient. Aplo zigzague en évitant la crémaillère. Puis nous dévalons à travers champ où nous attendent les poules et les souris capturées dans le lisier des poules.
Tronçonneuse
Aujourd’hui, atelier tronçonneuse. Tension de la chaîne, graissage, avaries. Après les fondamentaux: la prise en main, la position du corps, l’attaque. Fascinant! Qu’un outil engage un tel savoir surprend. A chaque étape, l’admiration du néophyte pour le spécialiste s’accroît. Il est rassurant de penser que cette connaissance impliquées est vraie de la plupart des outils et que sa complexité est fonction de la qualité de l’outil. Plus rassurant encore de savoir que l’État, quand bien même s’appuierait-t-il sur des légions d’inféodés, ne pourra jamais maîtriser l’ensemble des savoirs que thésaurise le peuple à travers ses spécialistes.