Il faut se promener la tête haute dans Genève pendant un après-midi pour voir ce que vingt ans d’une politique bêlante devant la mondialisation a fait des citadins de cette petite ville entre toutes favorisées. Les gens parlent le sabir. Is ont ont le regard fuyant et vont recroquevillés. Les gens mangent industriel et pensent argent. Ils filent en diagonale dans des rues sans âme, le cœur à l’étroit. Une faune interlope bat le pavé et rêve à vide. Les riches, parqués sur des îlots, exhibent leur possessions tandis que les Français, tirés de leur léthargie ouvrière par des salaires aguicheurs, se gaussent de leur statut d’esclaves. En 1972, Maurice Chappaz faisait pour le Valais un constat tout aussi effrayé dans son livre Les maquereaux des cimes blanches. Comme une neige qui fond sous un soleil inattendu, la tradition et le savoir-vivre disparaissaient dans les abîmes de la spéculation. Aujourd’hui comme autrefois, les entrepreneurs du lucre sont à l’œuvre. Chappaz maudissait l’épopée du béton: désormais, c’est l’intérêt d’être homme que broie le capitalisme.
Mois : novembre 2016
Pour en finir avec les hommes politiques
Politiciens, la solution: imposer l’invisibilité des personnes. Ne restent que les programmes de législature. Il sont validés par un collège populaire. Après le vote, leur mise en application est surveillée par un comité de vérificateurs. Les membres du collège comme ceux du comité sont choisis au hasard dans le peuple et représentent les différentes catégories sociales. Le mandat est unique. Cette charge est une dignité
Triptyque
R. que je ne connais pas s’enthousiasme pour le Triptyque de la peur que lui a remis Monfrère. Sincère, je m’étonne. C’est un livre spécial. Le seul qui soit auto-édité. Monfrère confirme: “R. est un grand lecteur”. Que l’on prenne du plaisir à un texte que j’ai écrit au point de se montrer entier dans le jugement est gratifiant. Preuve que le lecteur peut beaucoup. Sans lui, le livre vient au monde et s’y engloutit.
Fille
A Morges, au petit-déjeuner, tandis que le marché du samedi bat son plein dans la Grand-Rue, une fille plein de grâce. Nous sommes dans un café, attablés autour d’une table ronde, à peine tirés du lit. Gala n’est pas maquillée, j’ai les yeux maquillés du vin bu la veille chez Ravet. La fille se penche pour rafler les pièces de monnaie qu’a abandonné le consommateur précédent et j’ai sa douce poitrine laiteuse sous le nez. D’un sourire charmant et ingénu, elle prend la pose, ne dit rien, attends. Contente d’être là.
Terre
Où acheter une maison? Je cherche. Avec Gala, nous énumérons continents et pays. Depuis toujours, la maison est ce qui m’intéresse le plus. Non pas que je tienne à être propriétaire, mais parce que j’ai du plaisir à me retourner dans un lieu qui me renvoie mon image. Et donc nous cherchons. Et cherchons encore. Existe-t-il encore un lieu sur terre où acheter une maison?