Maquereaux

Il faut se promen­er la tête haute dans Genève pen­dant un après-midi pour voir ce que vingt ans d’une poli­tique bêlante devant la mon­di­al­i­sa­tion a fait des citadins de cette petite ville entre toutes favorisées. Les gens par­lent le sabir. Is ont ont le regard fuyant et vont recro­quevil­lés. Les gens man­gent indus­triel et pensent argent. Ils filent en diag­o­nale dans des rues sans âme, le cœur à l’étroit. Une faune inter­lope bat le pavé et rêve à vide. Les rich­es, par­qués sur des îlots, exhibent leur pos­ses­sions tan­dis que les Français, tirés de leur léthargie ouvrière par des salaires aguicheurs, se gaussent de leur statut d’esclaves. En 1972, Mau­rice Chap­paz fai­sait pour le Valais un con­stat tout aus­si effrayé dans son livre Les maque­reaux des cimes blanch­es. Comme une neige qui fond sous un soleil inat­ten­du, la tra­di­tion et le savoir-vivre dis­parais­saient dans les abîmes de la spécu­la­tion. Aujour­d’hui comme autre­fois, les entre­pre­neurs du lucre sont à l’œuvre. Chap­paz maud­is­sait l’épopée du béton: désor­mais, c’est l’in­térêt d’être homme que broie le capitalisme.