Les dialogues et les situations viennent spontanément, pas les personnages. Je peine à commencer par les personnages. Ils ne m’intéressent que pris au piège des situations ou forcés au dialogue. Comme je descendais à la plage pour y faire une promenade utile (Gala m’ayant reproché de sortir seul, j’ai expliqué qu’il s’agissait de résoudre une question de travail), c’est-à-dire obtenir une ébauche des faits à raconter, il m’a donc fallut trancher: allais-je écrire, ainsi que je le fais toujours (ce qui marche plus ou moins bien), à la première personne ou, ainsi que je le fais parfois (ce qui marche plutôt mal que bien), à la troisième personne? Mais je retombais sans cesse sur ce sentiment lié à ma faible capacité de projection: comment parler avec conviction de choses vécues à la troisième personne? Et puis toute la vision paranoïaque du personnage (qui dans les deux cas sera mon alter ego) se développe à partir de son observation à la jumelle, de l’intérieur de son appartement, de l’hôtel particulier bâti de l’autre côté de la rue. En même temps, je voyais bien les contraintes qu’exercerait sur le cours des événements le récit à la première personne. Le risque du solipsisme. Après avoir marché une demi-heure dans le sable, il a fallut s’asseoir. Ces questions doivent être tranchées dans la position assise. Ce qui a emporté la décision est la crainte de me retrouver, comme cela s’est produit en d’autres occasions, face à des personnages qui ne m’intéressent plus. Obligé dès lors à poursuivre mécaniquement ou renoncer à achever le récit. Et donc va pour le récit à la première personne!