Sur les hauteurs d’Antequera, le cataclysme d’El Torcal, un champ de pierres traversé de sentiers. Comme il y a eu de l’orage, la terre a une consistance de chocolat fondu. Luv va devant, Gala et moi suivons. Les garçons passent par les crêtes, sautent d’un parapet à l’autre, s’accrochent aux cheminées, glissent le long des parois.
- Ces deux-là sont à vous? demande un couple d’Anglais.
Ils n’ont pas tort, maintenant que je lève les yeux, Aplo et Luc me donnent le vertige. Juchés sur la hauteur, ils ne sont pas plus gros que des sauterelles. Nous progressons à travers le dédale. Dans les vallons résonnent toutes les langues. Vingt touristes arpentent le domaine. Ils se croisent, gênés. Près de l’Observatoire qui sert de point de départ de la balade survient une famille de Chinois. M’apercevant, elle se fige. L’enfant fait deux pas en avant, se place devant moi et dans un espagnol étudié, détachant chaque mot, demande où commencer la visite. En français cela donnerait: “Excusez-moi, mes parents cherchent le départ. Pouvez-vous leur indiquer l’endroit où commence le chemin je vous prie?”