La Torre 2

Au lieu de redescen­dre par l’autre ver­sant, nous regagnons Seia en camion­nette. Le con­stat est unanime: sans véhicule au som­met du col, avec trente kilo­mètres sup­plé­men­taires à par­courir pour sor­tir de la tour­mente, nous risquions de mourir. Nous man­geons à la Guardia dans une salle sans chauffage. Le patron nous fait la pub­lic­ité pour ses spé­cial­ités: morue, soupe d’algues tiède, riz cassé et patates. Nous réar­mons les vélos sous une pluie bat­tante. Javi nous guide à tra­vers la ville et se perd. Je me trou­ve en sens inter­dit, dans la descente, sur une route pavée qui grav­it la colline, dérape, pose pied et con­tin­ue sur ma tra­jec­toire évi­tant de justesse une auto­mo­bile. Quand nous atteignons le fond du trou, Javi annonce qu’il faut remon­ter. A sa décharge, cette ville de Guar­da est entourée d’un tel nom­bre de gira­toires qu’elle sem­ble vérolée. Et aucun pan­neau indi­quant l’Es­pagne. Quand nous quit­tons enfin le périmètre urbain, la route s’élar­git et nous roulons 70 kilo­mètres à bon rythme jusqu’à la fron­tière. Le soir, à Ciu­dad Rodri­go, nous sor­tons boire. Mon­frère qui est resté à bord de la camion­nette pour la sec­onde moitié de l’étape con­sid­ère la pluie avec découragement.