Au lieu de redescendre par l’autre versant, nous regagnons Seia en camionnette. Le constat est unanime: sans véhicule au sommet du col, avec trente kilomètres supplémentaires à parcourir pour sortir de la tourmente, nous risquions de mourir. Nous mangeons à la Guardia dans une salle sans chauffage. Le patron nous fait la publicité pour ses spécialités: morue, soupe d’algues tiède, riz cassé et patates. Nous réarmons les vélos sous une pluie battante. Javi nous guide à travers la ville et se perd. Je me trouve en sens interdit, dans la descente, sur une route pavée qui gravit la colline, dérape, pose pied et continue sur ma trajectoire évitant de justesse une automobile. Quand nous atteignons le fond du trou, Javi annonce qu’il faut remonter. A sa décharge, cette ville de Guarda est entourée d’un tel nombre de giratoires qu’elle semble vérolée. Et aucun panneau indiquant l’Espagne. Quand nous quittons enfin le périmètre urbain, la route s’élargit et nous roulons 70 kilomètres à bon rythme jusqu’à la frontière. Le soir, à Ciudad Rodrigo, nous sortons boire. Monfrère qui est resté à bord de la camionnette pour la seconde moitié de l’étape considère la pluie avec découragement.