Il y a six mois, comme je passe une fois de plus devant le kiosque à journaux fermé de la route du Jura, j’imagine le louer. A la fin de l’été, je tâte le terrain. La semaine dernière, je fais un courrier. Mercredi, la commission des Fiances de la Ville m’accorde un bail.
Ainsi, C., qui me remplace au poste d’afficheur, prendra ses quartiers dans ce kiosque. A la nouvelle, il s’écrie:
- C’est là que j’ai acheté mon premier Flash Gordon il y a 42 ans!
Tout-à-l’heure, je suis descendu de la colline avec aspirateur, serpillière, éponges, eau de javel et chiffons. Il a d’abord fallu retirer deux cents compartiment à cigarettes en plexiglas, sortir les enseignes de glaces, les pelles-ramassoires (pourquoi toute une collection?) et la pelle à neige. Condamnées depuis les années deux mille, les toilettes n’avaient, le temps de l’activité, jamais été nettoyées. Un travail de patron: détacher la crasse, frotter la lunette, laver l’urine. Et à midi, au son des cloches, est arrivé C. Nous avons hélé un couple.
- Pouvez-vous nous prendre en photo.
Le type lâche le bras de sa copine et montre l’appareil photo argentique qu’il porte en bandoulière.
- Do you speak english?
Ce que ces touristes pouvaient faire route du Jura un dimanche de novembre, je l’ignore. Visiter le mini-golf de Givisiez? Est-il seulement visible sous les feuilles mortes?
J’ai tendu mon numérique. Auparavant, j’avais tapissé le store qui cache la devanture du kiosque d’affiches de spectacle. Le type à photographié, une, deux trois fois. Nous nous servirons de l’image pour annoncer aux clients le changement de responsable.
Seau et aspirateur en main nous sommes alors remontés sur la colline du Guintzet. C. fumait le cigare. Je lui disais:
- Il faudra les abattre, tous!