Dans Les grandes largeurs, Henri Calet raconte la spécialité de son père: fumer les mégots. Une fois par semaine, celui-ci passait auprès d’une ouvreuse de cinéma et d’un barman afin de récupérer les filtres qu’ils collectaient pendant la semaine. Acheter des cigarettes ne le satisfaisait pas. Le goût des mégots, jugeait-il, est à nul autre pareil. Or, ce mercredi, tandis que je me rends au cinéma Bellevaux de Lausanne où se tient la soirée Art& Fiction, j’aperçois une gars qui stationne devant un café. Il déplie devant lui une feuille d’aluminium et y dispose un à un les mégots qu’il récupère dans le cendrier d’extérieur lequel a les dimensions d’une pot de fleur. Puis il roule ces mégots entre le pouce et l’index pour faire tomber le tabac.