Skull riders

Ces jours je porte une Bomber noire au sigle des Skull rid­ers, un club de motards berli­nois. A hau­teur de poitrine, un crâne se détache sur la croix de fer alle­mande. Les gens sont tout de suite moins agréables quand vous portez une telle veste. Ils se fer­ment ou, quand ils sont à votre ser­vice, dans les restau­rants, dans les com­merces, souri­ent jaune. Avan­tage para­dox­al: pour peu que vous déjouiez leur préven­tion en par­lant haut, fort et bien, ayant con­staté que vous êtes nor­mal, ils se mon­trent beau­coup plus cau­sants et même sym­pa­thiques. A quoi tien­nent les rap­ports! Mais le plus drôle est encore l’his­toire de cette veste, de ces vestes plutôt, car la bou­tique de sec­onde main dans le quarti­er de Pankow où je l’ai trou­vée en alig­nait une dizaine. Il s’ag­it d’une veste d’ap­par­te­nance. Elle sym­bol­ise l’in­té­gra­tion dans le groupe d’un pré­ten­dant au terme d’un rite ini­ti­a­tique lequel, dans les clubs de motards, con­siste essen­tielle­ment à réalis­er des fig­ures à moto, boire comme un trou, lever une fille, frap­per ou être frap­pé. Tou­jours est-il que la mise sur le marché de cet ensem­ble de vestes n’a été pos­si­ble qu’une fois dis­sout le chapitre dont elles étaient l’emblème.