Fribourg le samedi

Course dans les gorges du Got­téron à l’heure de l’apéri­tif. Etrange et belle atmo­sphère dans ce val­lon que partageait le dernier soleil. Des fêtes pop­u­laires à plusieurs endroits, sous les tentes du petit train puis le long de la pis­ci­cul­ture, mais aus­si dans les jardins privés, des réu­nions de famille, des plaisan­ter­ies qui fusent, des lar­rons ivres qui me taquinent, des rires. Puis la route finit, rem­placé par un sen­tier  qui sin­ue entre les arbres, emprunte un sys­tème de ponts et d’escalier pour gravir les falais­es de la riv­ière et rejoin­dre enfin, qua­tre kilo­mètres plus haut une ferme nichée dans un repli de la  colline du Schön­berg. Je craig­nais la fatigue mais n’ai eu aucune peine à courir le retour au sprint, puis faire quelques exer­ci­ces dans l’herbe avant de remon­ter le Salden à vélo craig­nant par la même occa­sion — sim­ple phan­tasme- de dévaler la pente raide si je venais à lâch­er mon pédalier, ce qui eut pu se pro­duire sur le coup du sen­ti­ment de ridicule qui m’en­vahis­sait et plom­bait mes forces, moi mon­té sur ce vélo neuf aux airs de tank par­mi des badauds, des ado­les­centes embrassées et des mères retenant leurs pous­settes. Peu aupar­a­vant, je venais de faire la con­nais­sance d’un bat­teur rock, m’ex­cla­mant:
- Ah, c’est donc vous qu’on entend bat­tre dans la mai­son à mi-dis­tance! Vous êtes assidu! Chaque fois que je viens me promen­er avec mes enfants, je vous trou­ve à l’ex­er­ci­ce.
Et lui de me féliciter de mon effort, de me prévenir que je dois veiller su mon vélo et de me sig­naler qu’il y a des Alle­mands au fond de la val­lée qui, d’ailleurs, abrite un drôle de monde. De retour au Guintzet, Gala se pré­pare et nous rejoignons Gas­pard sur la ter­rasse du Marce­lo, fer­mée pour cause de cagnotte, ce que sig­nale une ardoise posée au milieu des tables qui, en effet, sont toutes disponibles. Mai voici que la patronne (dont Gala pré­tend qu’elle serait la sœur de Jodie Fos­ter) qui nous explique le sens de la cagnotte, son thème, le cirque, l’ar­gent récolté, plus de 17’000 francs pour quelques 70 coti­sants et nous voyons bien­tôt arriv­er des jeunes et des moins jeunes déguisés en clown, en chef de piste et en domp­teur de tigres, tan­dis que la serveuse nous apporte de la Cardinal.