Armurier

L’an dernier, je marche trois kilo­mètres accom­pa­g­né d’un ami pour me ren­dre chez l’ar­muri­er. Nous pous­sons la porte du mag­a­sin. A l’é­ta­lage, fusils-mitrailleurs, fusils de biathlon, armes de poings, stock de muni­tions, couteaux. Je salue. Aucune réponse. Au bout d’un moment, un homme qui graisse la culasse d’un fusil me toise:
- Vous êtes Suisse? Parce qu’avec toux ces gens qui rôdent par ici. Surtout des Serbes.
Puis il reprend son tra­vail. Alors que nous achetons du matériel auprès de son col­lègue, un homme proche de la retraite, celui-ci, la mine grise, nous con­fie:
- Nous sommes tous sous le coup. Nous allons fer­mer cet après-midi pou aller à un enter­re­ment. Quelqu’un est mort.