Votre femme

Aéro­port de Suvarn­ab­hu­mi. A l’en­reg­istrement, l’hôtesse thaïe demande où est ma femme.
- Je ne sais pas.
Ce qui la fait rire. Pas moi. Elle retourne mon passe­port sur le scan­ner, le bagag­iste éti­quette mon sac. L’hôtesse regarde par-dessus mon épaule. Pas de femme. Je lui dis de con­tin­uer la procé­dure. Elle rit. Pour ne pas met­tre dans l’embarras, je fais de même, puis me dirige vers les douanes. Une heure passe. Assis en galerie, je sur­veille dans le reflet des vit­res de pla­fond la posi­tion des pas­sagers en attente d’embarquement un étage plus bas, quelques 400 per­son­nes, afin de les rejoin­dre lorsque l’ac­cès à l’ap­pareil sera ouvert. Soudain j’en­tends Gala. En Anglais, elle prononce des mots tels que “Krav Maga”, “box­ing” et “my hus­band”. Elle est accom­pa­g­née d’un homme au physique de gen­til tueur vêtu à la façon neu­tre des mem­bres du ser­vice de sécu­rité rap­proché d’Oba­ma. Les voici à ma hau­teur.
- Tiens, dit Gala sans me saluer alors que je ne l’ai pas vue de trois jours, je vais te présen­ter… Ce mon­sieur organ­ise des camps d’en­traîne­ment à Bag­dad…
Je ramasse mon sac et m’en vais. Gala se fige. Elle con­tin­ue un instant d’en­tretenir le gen­til tueur, puis celui-ci, gêné, pour­suit son chemin en direc­tion de la salle d’at­tente. A bord de l’avion, je suis assis à côté de Gala: l’hôtesse thaïe, toute dévouée, a cru bien faire. A Abu Dhabi, je quitte l’ap­pareil seul.