Silence

Depuis longtemps je veux écrire un livre inti­t­ulé Silence. Dans sa pre­mière forme, il s’in­ti­t­u­lait Ne rien dire (au bout d’une quin­zaine de pages, j’ai lâché). Un pro­jet à peu près impos­si­ble. Tel auteur cri­tique les mys­tiques dont il juge le vocab­u­laire trop riche. J’ig­nore à qui il pense, mais, sans aller aux extrêmes (Sor Jua­na Ines de la Cruz), une chose est cer­taine: dire, c’est utilis­er des mots. Et cela vaut aus­si pour l’ex­péri­ence de l’u­nion. Ne rien dire, inscrire sous ce titre Silence un texte fidèle à l’in­ten­tion qu’il annonce est donc une gageure. Au fond, le mys­tique n’écrit pas. Pour moi, qui n’ai pas Dieu, m’in­téresse ici le proces­sus de décan­ta­tion du lan­gage intérieur. Couper son flux, approcher autant qu’il se peut du silence qui est aus­si un vide.