Tor­re­vie­ja près d’Al­i­cante, ville laide mais lumineuse, agréable, ralen­tie, pen­dant cette semaine sainte où l’Es­pagne en réces­sion sac­ri­fie sans espoir de renaître. Dès le deux­ième jour je goûte le plaisir tran­quille des recalés de l’Eu­rope et songe à m’établir à portée de la Playa del cura. Déci­sion qui ne demande pas d’ef­fort réel, pas de cal­cul com­pliqué comme l’ex­ig­erait un démé­nage­ment dans une cap­i­tale. On soupèserait alors avan­tages et incon­vénients, salaires et dis­tances avec l’an­goisse, que dis-je, la cer­ti­tude de se tromper, mais ici, à Tor­re­vie­ja, dans une ville bal­néaire déserte et désar­gen­tée ? Le tra­vail manque, la beauté manque, les pro­jets sont révo­lus et le ter­ri­toire n’est plus à détru­ire, il est détru­it. Reste la lumière, le calme d’une vie ramenée aux activ­ités sim­ples, manger, boire, se promen­er, dormir, et l’ex­cel­lence d’un arrière-pays que les habi­tants par­qués sur la côte délais­sent par manque d’én­ergie. Notre apparte­ment est à deux rues des piscines naturelles, Aplo et Luv jouent au sable, Gala regarde au loin, je lis. Vers midi nous com­man­dons l’apéri­tif en ter­rasse puis nous rejoignons un restau­rant tenu par une famille qui sert qua­tre plats pour le prix d’un café suisse. Puis c’est la sieste, et le soir nous recon­duisons le même pro­gramme. Si on y ajoute les cours­es du matin le long de la côte et le tra­vail d’écri­t­ure, le tableau est complet.