Période heureuse et nonchalante. Le temps est radieux sur la province d’Alicante alors qu’il pleut sur le reste de l’Espagne. En Suisse, temps exécrable, dit ma mère. A Fribourg l’hiver continue, la ferme est dans la neige. Vingt degrés de différence, de quoi se convaincre que seul le rivage méditerranéen est habitable. Le vendredi, au marché, des milliers de personnes déambulent entre les stands d’habits, de fruits, de poissons, d’olives. Dix rues sont bloquées à la circulation, les prix sont dérisoires. Nous avons atteint un point paradoxal: le routard paie ses articles plus chers à Bangkok que l’Espagnol à Torrevieja. Mais nous perdons Aplo. Dix, vingt minutes, une demi-heure. Je regagne l’appartement. Il vient d’en repartir, je l’apprendrait par la suite. Je le retrouve par hasard, dans al quartier de la rue Ulpiano. Son soulagement est visible et il ne fait pas de faux orgueil: il a eu peur. Le soir nous visitions des appartements en compagnie d’un Flamand qui associé à des Russes mène de front deux entreprises: l’immobilier et l’exportation de chaussures féminines vers Moscou et l’Oural. L’homme est carré, grand et il plaisante. Il a aussi un visage de tueur. Gala est sous le charme. Autour de 22 heures, je descend au supermarché, achète de l’alcool et des apéritifs. Plus tard nous voulons regarder un film, mais en Espagne les long-métrage, caviardés de publicité, durent 2 heures — je prépare mes chaussures, mon chronomètre, mes habits de course dans le couloir où je m’équiperai le lendemain matin dans le noir pour ne réveiller personne et laisse les enfants devant la télévision.