Gens qui courent. Messieurs, à la rigueur, mais femmes avec des bébés? Ces places tranquilles qui changent de lumière pendant le jour.
Mois : avril 2013
Gala me suivra partout où elle peut se transporter sans rien changer à sa vie. Ce que j’aurais dû percevoir avant l’achat du presbytère de Lhôpital. Emporté par mon enthousiasme, sûr de mes forces, j’ai passé outre et cela m’a valu de me retrouver avec la maison sur les bras. Avec le recul je n’ai souvenir que de deux périodes: celle où je travaille d’arrache-pied à démolir et bâtir, celle où seul dans la maison, incapable de dormir, je fais du vélo, je bois et fume en fixant les Aravis.
Exercice au pistolet en matinée, au fusil d’assaut l’après-midi. L’instructeur a sa méthode: l’agression. Il sanctionne la moindre faute, rabroue qui la fait. Pour ce faire, pose des questions sans réponses.
- Tu dégaine comme ça, et l’ennemi pendant ce temps, il fait quoi? Il attend? L’ennemi attend? Répond! Que fait l’ennemi? Montre aux autres ce que tu viens de faire!
Psychologie militaire. A la boxe, pareil. L’Arabe qui enseigne les coups tance et
punit.
- Tu n’as pas ta corde à sauter? Où est-elle? Oubliée? Qu’est-ce que ça veut dire oubliée? Elle est où? Vingt pompes!
Je ne peux me retenir, je ris. Mais je suis le seul. Les autres boxeurs, apprentis et ouvriers la plupart, en parlent jusque dans les douches.
Pour le tir au moins, il est vrai, tout relâchement de la discipline peut aboutir au drame. Ainsi que l’explique l’instructeur de bon matin, sur le champ de tir, alors que nous tremblons de froid: une balle à travers la main et vous vivrez avec un moignon jusqu’à la fin de vos jours.
“Attaque de diligence” d’une rame de RER en banlieue parisienne. Passagers violentés et détroussés. Et plus près de nous, à Lausanne, bataille rangée entre cent cinquante individus. Tentatives désespérées de reconstituer un moi dans une jeunesse qui doit aller au choc pour se convaincre qu’elle existe.
Pris en main l’Almanach des muses de Christian Désagulier, cet ingénieur aéronautique et poète venu me dire il y a trois ans à l’occasion d’une lecture au Point éphémère de Paris son admiration pour les Divagations. Ouvrage de mécanique lyrique, ambitieux et gonflé d’inspiration. Les demi-sommités que poussent sur les tréteaux les grands éditeurs font pâle figure en regard de ce style — je pense ici à l’énergumène Olivier Cadiot — mais il est vrai que le costume et les grimaces suffisent puisqu’aussi bien personne ne juge de la poésie pour l’avoir lue.
Neige ce matin, pluie fine et enfin accalmie. Un soleil hésitant réchauffe la campagne genevoise. Les gens se plaignent de l’hiver, long, interminable, à rebonds, et attendent la Pâque. Rentré d’Asie il y a dix jours je pars lundi pour Torrevieja où j’ai pris location d’un appartement sur la plage. Travaillé hier au dernier volet du Triptyque de la peur sur le gonzo pornographique espérant finir le manuscrit afin de me tourner dès l’installation en Espagne vers un projet irréfléchi.