Exer­ci­ce au pis­to­let en mat­inée, au fusil d’as­saut l’après-midi. L’in­struc­teur a sa méth­ode: l’a­gres­sion. Il sanc­tionne la moin­dre faute, rabroue qui la fait. Pour ce faire, pose des ques­tions sans répons­es.
- Tu dégaine comme ça, et l’en­ne­mi pen­dant ce temps, il fait quoi? Il attend? L’en­ne­mi attend? Répond! Que fait l’en­ne­mi? Mon­tre aux autres ce que tu viens de faire!
Psy­cholo­gie mil­i­taire. A la boxe, pareil. L’Arabe qui enseigne les coups tance et
 punit.
- Tu n’as pas ta corde à sauter? Où est-elle? Oubliée? Qu’est-ce que ça veut dire oubliée? Elle est où? Vingt pom­pes!
Je ne peux me retenir, je ris. Mais je suis le seul. Les autres boxeurs, appren­tis et ouvri­ers la plu­part, en par­lent jusque dans les douch­es.
Pour le tir au moins, il est vrai, tout relâche­ment de la dis­ci­pline peut aboutir au drame. Ain­si que l’ex­plique l’in­struc­teur de bon matin, sur le champ de tir, alors que nous trem­blons de froid: une balle à tra­vers la main et vous vivrez avec un moignon jusqu’à la fin de vos jours.