Cou­ru de l’hô­tel jusqu’à la cimenterie qui sépare en bord de mer Mala­ga de la Cala del Rincón. À mi-dis­tance, les squat­ters qui vivaient sous tentes et fai­saient cui­sine com­mune dans des garages désaf­fec­tés ont été évac­ués. Un haut gril­lage mar­qué Police entoure les pins. Pins étroits et sans feuilles. Plus petite que ton­sure de moine leur frondai­son flotte haut dans le ciel. Accès inter­dit. Règle­ment des hommes. Je me fau­file entre le gril­lage et les vagues, piéti­nant  des déchets, seau, canettes, piquets. Quelques march­es per­me­t­tent ensuite de se hiss­er de la plage sur un socle de béton. Com­mence alors la longue prom­e­nade qui emmène les touristes sur huit kilo­mètres de baie en baie. Les maisons où vivaient autre­fois les pêcheurs sont mitoyennes et tra­pues. Cer­taines aux facades si mod­estes qu’y inscrire une fenêtre et une porte est une gageure. Au rez des dizaines de restau­rants flan­qués de ter­rasse. À la belle sai­son, le pois­son grille dans des bar­ques rem­plies de sable sur lequel est allumé un feu. Arrivé près de l’éper­on rocheux que sur­monte la cimenterie, je fais quelques exer­ci­ces sur ces machines de gym­nas­tique que l’E­tat dis­tribue depuis quinze ans à tra­vers le pays. Sur le retour, un pêcheur à la ligne, un Mex­i­cain. Debout il observe le large. Eau verte, remuante, froide, et des dragueurs couleur rouille con­tre l’hori­zon et du côté de San­ta Pola. Il a récupéré le seau que j’ai aperçu tout-à-l’heure pour y met­tre ses pris­es. Des­tin linéaire de cet homme fuyant la pau­vreté dans son pays et se nour­ris­sant ici de ce que la mer offre.