En attente de l’avion dans une banlieue poussiéreuse d’Athènes, Artemide. L’appartement est installé au-dessus d’une boulangerie, la rue qui conduit à la mer n’a pas de trottoir, elle est mortelle. Nous la descendons en tremblant. Les véhicules roulent à tombeau ouvert. Plusieurs fois, je gare Luv. Le seul restaurant est fermé. Plus loin, un kiosque. Je me renseigne: “où peut-on manger?”
-Ma foi, dit la dame, c’est le grand vendredi.
Nous achetons un paquet de chips. Nous sommes assis sur le perron d’un immeuble abandonné, des chiens s’approchent. Je ramasse un essuie-glace. Dans un autre kiosque, nous prenons des pâtes et un boîte de sauce. Quand luv se couche, je veux prendre une douche. Pas d’eau chaude. Je trafique le tableau électrique et pose une bombonne d’huile d’olive à côté de notre lit me promettant de la verser dans la machine à laver si je n’ai pas d’eau le lendemain, avant de partir pour l’aéroport.
Trou
Dubaï
En route pour Santorin, longue discussion avec cette Canadienne qui enseigne la philosophie à Dubaï. Luv est allé dormir dans la salle d’attente, nous buvons des bières sur le pont. De ses étudiants, principalement des réfugiés syrien, elle me dit: ils vont passer le week-end chez eux et me reviennent avec des photos de ski nautique, de piscines d’hôtels et de discothèque.
-Des familles proches du régime?
Elle acquiesce.
-Et que peut-on bien leur enseigner?
-Popper.
-La société ouverte? Premier volume alors?
-Oui, pour le deuxième, je ne sais pas si ça va être possible.
Drapeaux
Aussitôt que le ferry a pris ses distances avec le port de Ios, le mousse descend le drapeau grec et le drapeau de la compagnie Hellenic. A l’approche de Naxos, il remonte les deux drapeaux. Puis les redescend. Avant d’arriver à Paros, il les remonte. Et ainsi de suite, jusqu’au Pyrée.
Folegandros
Bâti au-dessus d’une falaise, le village de Chora (qui occupe comme son nom l’indique le cœur de l’île) est blanc et bleu, mais en avril, après les rigueurs de l’hiver, il a perdu quelques degrés de luminosité aussi les habitants sont-ils ce matin occupés à le repeindre. Hommes, femmes, vieillards adolescents, mais encore tous les enfants sous les ordres de la maîtresse du primaire, se promènent sous les figuiers un pinceau à la main et dessinent les façades, les perspectives, les contours de fenêtres et jusqu’aux dalles des trottoirs dans l’attente des premiers touristes.