Dans l’avion, le gosse de deux ans assis entre son père et sa mère. Il voit un avion sur l’écran de télévision et dit : « regarde papa, un avion ! ». Il ne sait pas qu’il est à bord d’un avion.
Aéroport Benito-Juarez
Tiré au sort par les douaniers d’aéroport, je suis envoyé dans un couloir au contrôle resserré pour une fouille complète. Après avoir levé jambes et bras, montré cul et chemise, déballé sac et sacoche, le douanier demande ce que contient mon bidon. De l’eau. J’ouvre, je montre l’eau.
-C’est interdit.
-Eh bien je vais la jeter.
C’est interdit.
-…
-Il est interdit de jeter de l’eau.
-Mais la poubelle juste là ?
-Ce n’est pas pour l’eau.
-Alors quoi ?
-Buvez-là !
Une seconde j’hésite (c’est dire si l’absurde corrompt le raisonnement).
-C’est hors de question.
Et le douanier de m’expulser des douanes avec ordre d’aller vider mon eau ailleurs (dans l’aéroport) puis de revenir pour recommencer le contrôle.
Retour
En taxi avec Arturo, le chauffeur chrétien et délirant. L’autre jour il me racontait l’histoire de sa tante le matin du 19 septembre 1985, jour du tremblement de terre de Mexico. Sa veste était remplie de billets parce qu’elle allait payer sa banque. Elle n’a pas eu le temps de quitter son appartement au septième, l’édifice s’est écroulé. Eh bien c’est la seule qui a survécu! Les secours l’ont retrouvée sous un bloc de béton. Elle a été sauvée par Dieu, mais l’argent a disparu. « Depuis, elle est encore plus croyante ! », dis-je. Cela ne fait pas rire Arturo. Qui le lendemain, sur la route de l’aéroport, me raconte les ovnis qu’il a vu apparaître dans le ciel le jour où Jean-Paul II a parlé aux fidèles dans le stade aztèque du D.F.
Couleurs
Quand le clan social-mondialiste lance la couleur violette, elle fait le tour de la planète et laisse des traînées universelles. Lorsque qu’une âme militante lance une couleur sienne, elle fait le tour de ses amis et ne laisse de traces que dans leur mémoire. C’est cela le capitalisme financier, propulser l’idéologie par l’investissement. La population change de couleur en fonction de la puissance de jeu des joueurs.
Entre-deux
Disais-je à Evola, heureux dans sa caravane, près de la rivière, survolé des aigles et seul, toujours seul, j’ai été contraint de vivre comme un riche par le riche Toldo au Mexique, contraint de vivre comme un pauvre par le pauvre LM en Colombie et me trouve bien, le cul entre deux chaises, libre de me lever quand je le veux pour rejoindre l’un ou l’autre, sans avoir à sacrifier la liberté pour l’argent ni la perdre faute d’argent.
Chacaua
Dès le deuxième jour je vois que je n’aurai pas le temps de me rendre sur le côte de Oaxaca. Une plage retenait mon attention, Chacaua. Si j’ai compris, uniquement atteignable en bateau. Ceux qui donnent ce conseil l’ont fréquentée il y a longtemps, donc il faut voir (j’étais moi-même à Puerto Angel en 1986, donnerais-je aujourd’hui sans autre le conseil d’y retourner?). Mais Toldo s’engage : « je crois que tu pourrais essayer ». Sauf que j’ai des rendez-vous dans la capitale pour récupérer mes commandes professionnelles, casquettes, manuels, autocollants et surtout des affaires administratives (dont je ne peux parler ici) qui dépendent plus des intermédiaires que de mon énergie. Ainsi mieux vaut jouer sur le territoire autour de l’hôtel Plaza Revolución puis décrire des cercles de plus en plus large dans Mexico, à pied d’abord, en métro ensuite.