OM

Occupé ces dernières heures, trente-six à peu près, la nuit en sus, à me deman­der si j’ai bien écrit OM et dans ce cas où se trou­verait le man­u­scrit (sur cahi­er j’imag­ine), n’ayant jusqu’i­ci pas pris le courage de fouiller au ven­tre le buf­fet fin­landais du salon où je remise mes écri­t­ures. Car, me dis-je, il faut, avant que de me lancer sur le dernier volet du trip­tyque SM, véri­fié si j’en ai pro­duit la par­tie cen­trale. Com­ment faire? Je vois mot par mot — donc claire­ment — cette scène de la Grande fille, une cama­rade d’u­ni­ver­sité des années 1990 dont je racon­te la grandeur et le défaut de charme, mes mal­adress­es et ma bêtise, con­va­in­cu que cette scène ne fig­ure pas dans TM, le volet pre­mier du trip­tyque, celui-là pub­lié et récom­pen­sé (un prix). 40 heures sont écoulées et je ne sais tou­jours pas: il va fal­loir ouvrir le buf­fet. En espérant ne m’être pas trompé car sinon, de quoi cette scène pour­rait-elle être le sou­venir (on ne se sou­vient pas d’une réal­ité mot par mot).

La fosse de Babel

“[] la tâche la plus urgente, pour les réprou­vés que nous étions, con­sis­tait à créer aux Etats-Unis, c’est-à-dire au pôle mon­di­al de la bonne con­science, un mou­ve­ment fas­ciste et un mou­ve­ment com­mu­niste clan­des­tins et con­joints dirigés tous deux secrète­ment par les mêmes hommes, et dont les mil­i­tants de base au con­traire se bat­traient.”, Ray­mond Abellio.

Pont

Tra­vail­lé à demi-nu dans la riv­ière avec bar­res à mine et râteaux. L’or­age de sep­tem­bre à drossé des arbres, la pier­raille a bouché les con­duits sous-pont. L’hiv­er, la neige coulée a ren­du le pas­sage à gué inutil­is­able. Deux fois vingt jours, Evola était blo­qué. Il est dans l’eau, l’éc­ume sur la nuque, à ser­tir. En amont, la gueule con­tre la para­pet, je pousse. Fin d’après-midi nous avons un pin déchi­queté, de la petite branche, des pier­res et des gra­vats. Quant à savoir si le débit plonge désor­mais en par­tie sous la masse de morti­er, nous spécu­lons. Autour des nuages d’aspi­ra­tion j’étab­lis des bar­rages. En ape­san­teur, les pois­sons-doigts me fixent.

Progrès

Chaque porte de chaque pièce ouvre sur une autre pièce munie de portes qui ouvrent sur d’autres pièces. Le pro­grès est une solu­tion. Ce n’est pas la bonne solu­tion. Lorsqu’on a ouvert des dizaines de portes, l’on s’aperçoit que si les pièces ne sont pas toutes iden­tiques elles sont toutes les mêmes. La solu­tion est de renon­cer à ouvrir les portes, de s’in­staller dans une pièce et bien qu’elle soit vide, d’ex­plor­er son contenu.

Vision

Dans le ciel au-dessus de pan­neaux sans sig­ni­fi­ca­tion, un objet qui n’a ni forme ni matière.

Futur simple 2

Lorsque je me relèverai, j’au­rai à tra­vers­er la route. En face, le chemin est de terre. La plaque dit (je viens de le véri­fi­er au cours d’une autre prom­e­nade), “rue des des épines”. Espérons qu’il ne pleuve pas à l’heure où fini­ra ma mort. La pente est raide.

Ce que je me dis

Sûre­ment je décou­vri­rai quelque chose cette nuit.

Convoi

Pen­dant plusieurs jours le train filait sans s’ar­rêter puis il s’im­mo­bil­i­sait soudain en rase cam­pagne et ceux qui juraient de s’ex­traire des wag­ons à la pre­mière halte regag­naient sage­ment les sièges.

Nul n’aime

Nul n’aime qu’on lui rap­pelle que s’il manque de temps c’est qu’il craint la liberté.

Efficace

L’épou­vantable pro­lé­tari­sa­tion qu’au­ra pro­duit comme tout régime qui « marche » le capitalisme.