Se préparer

Lire ces jours Tchakho­tine, Kropotkine, Zami­a­tine, Sol­jen­it­syne (dernière péri­ode), Boukows­ki, Zinoviev — Ionesco.

Littérature

Trente-huit jours de tra­vail à cor­riger ce man­u­scrit d’un roman suisse, achevé et com­mencé sous un abri de plage en octo­bre 2016 à Rin­con de la Vic­to­ria près Mala­ga, suc­ces­sive­ment inti­t­ulé Noria, Gor­mi­ti puis Notr Pays. Hier, avant d’aller dans notre rue pour boire, je met­tais un terme à de laborieuses réécri­t­ures entamées sur la mon­tagne vau­doise fin mars, au moment de la fer­me­ture sociale et, ver­sant de la bière aux voisins que n’in­téresse aucune­ment les tribu­la­tions esthé­tiques d’un étranger, je songeais au labeur de Gide pour Les caves du Vat­i­can, som­met de per­fec­tion et, devant Paludes, La porte étroite ou Si le grain ne meurt, livre raté.

Stylos

Pari relevé: ils inter­vien­dront sur nos claviers.

Pourquoi?

Per­son­ne ne demande pourquoi il y a des Africains en Europe. Pourquoi y a‑t-il des Africains en Europe?

Action

Un coup d’é­tat ne réus­sit pas parce qu’il est fondé, atten­du, juste, sub­til, mais parce que quelques-uns ont eu l’au­dace de le faire.

Vertu

Ni mod­este ni pré­ten­tieux celui qui fait l’ef­fort de se con­naître, mais tou­jours en recherche du meilleur homme, qu’il espère pren­dre pour modèle.

+/-

Plus m’in­téresse le monde moins m’in­téresse la société.

Agrabuey 2

Vieil­li, faiblard, déli­rant peut-être, je pour­rai tou­jours écrire une his­toire du monde qui se déroulerait dans la rue du Quarti­er des Champs (longue de cinquante mètres) avec pour per­son­nages le chien Cier­zo et les voisins, et per­chée au-dessus de nos têtes, l’église entourée de ses morts de la guerre civile aux tombes jail­lis­sant de fleurs.

Agrabuey

En soirée, quand baisse la lumière, je monte à l’église voir les mou­tons que le berg­er ramène au vil­lage. Plus tard, nous sor­tons dans la rue avec du vin, nous par­lons argent, poli­tique et chas­se. Le paysan ren­tre dîn­er, je reste avec l’a­bat­teur et le guide de mon­tagne. Trois semaines que je n’ai plus passé un pan­talon, me balade pieds nus, dors mes dix heures. Les jours suc­cè­dent aux jours, s’il passe une ou deux voitures sur la route, c’est beau­coup. J’écris, je cor­rige Notr Pays, j’emporte des livres au jardin, sous le prune­li­er rouge, je cui­sine des légumes et j’ai dans le salon cent litres de bière que j’a­chem­ine lente­ment vers le refroidis­seur. Soudain cette nuit, plus d’oiseaux. Dans notre rue du Quarti­er des Champs le moin­dre change­ment fait l’ob­jet de longs com­men­taires. Per­son­ne n’en a encore par­lé. Colombes, hiron­delles, passereaux ont l’habi­tude de chanter dès les pre­mières lueurs. J’é­coute. Silence de pierre. Quelque chose se pré­pare? Qu’ont-ils senti? 

Trom

Petite mort, la jouis­sance; sorte de mort, le som­meil; som­meil éter­nel, la mort.