Peuple commercial

Tout le monde a com­pris que les maîtres-mar­i­on­net­tistes nouent ces jours les fils du spec­ta­cle à venir.

Muselières

L’esthé­tique est ce rap­port sub­til qu’en­tre­tient cha­cun avec l’e­space et le temps, une danse du corps et de l’e­sprit, ce que niaient par le cos­tume et le son les régimes car­céraux de l’est léninien et que nient aujour­d’hui nos pra­tiques générales de cyberemprisonnement.

Littérature

À mes cor­rec­tions de Notr Pays, tel un acharné; com­bi­en de temps cela va-t-il dur­er ? La semaine dernière, après 32 jours de relec­ture, je lis à la dernière page, “Axar­quie, 24 mai 2017” — puisque je note selon l’habi­tude le lieu où je finis un man­u­scrit. Mais celui-là est sans fin. Mau­vais signe. D’abord, parce que je refuse de croire qu’il ne peut être sauvé et m’ef­force. Le roman était et me demeure étranger. Pari relevé, dès lun­di prochain j’écrirai à main lev­ée OM (le texte qui précédera TM, pub­lié en novem­bre), le regard fixe, sans fatigue ni angoisse (du moins le jour) avec pour hori­zon le point d’ac­cueil et le repos, et cepen­dant, je ne sais pas, je ne sais rien, pas la pre­mière ligne de ce que je dirai, mais je vois.

Lecture

Autre livre à relire ces jours, “Le monde d’hi­er” de Ste­fan Zweig, le des­tin trag­ique de l’au­teur vien­nois et de sa femme dans leur exil brésilien. Com­bi­en de fois la cul­ture occi­den­tale peut-elle finir?

Hasard

Au jardin à mes exer­ci­ces de force quand une hiron­delle lâche un dé à jouer dans le jardin.

Le monde aujourd’hui

Pub­lic­ité d’un voy­ag­iste tombée sur mon ordi­na­teur ce jour: “Vous recherchez des vacances dignes d’un film? Le film de votre été com­mence avec le bruit des vagues comme bande-sonore et la per­for­mance exclu­sive de l’océan.”

Mesures

Les foy­ers de plus d’une per­son­ne sont des maisons d’infection.

Agrabuey

Le soir, quand vers neuf heures la lumière tombe, les hiron­delles rasent toits et chem­inées, strid­u­lent et font fes­tin des insectes en quête de fraîcheur.

Célèbres

Spec­ta­cles des gens célèbres pour les pau­vres, qui les ren­dent célèbres, par­fois rich­es. Vies exhibées, jouées, ordurières, toutes de stu­pid­ité et lux­ueuse camelote, hori­zon sub­lim­i­nal pour une foule de con­som­ma­teurs naïfs qui sub­jugués plient puis s’en vont peser sur le des­tin matéri­al­iste de notre histoire.

Proche

Tout à l’heure, après six heures à batailler avec les cor­rec­tions de Notr pays, je chausse mes sabots chi­nois, je monte à l’église, je tire le loquet du cimetière: inhumé en 1923 à l’âge de 46 ans, Jorge Lilien Gon­za­lo Piedrafi­ta est enter­ré au ras de la terre, con­tre le chœur. J’évite de piét­iné le mon­tic­ule, rejoins la bar­rière qui domine la val­lée, regarde le soleil, la riv­ière, les cimes, Juan a lancé les chiens, ils rabat­tent les mou­tons tôt menés vers les pâtures.