Toldo médite dans la jungle, embrasse les arbres, s’élève sur les pyramides et fustige le pape. A Izamal, village de colons implanté sur un site des mayas du Yucatan, cinq édifices sur un terrain infini et plat dont deux pyramides en regard, lune et soleil. Les Espagnols rabotent l’un des pôles pour bâtir une église jaune au clocher qui tutoie le ciel. Nous grimpons sur la pyramide Kinich Kak Moo rejoignons l’église ou plutôt le couvent de Saint-Antoine de Padoue, ensemble bâti avec les pierres de réemploi de la pyramide Hun Pik Tok. De l’enceinte (la plus grande après Saint-Pierre de Rome), vue sur la place majeure où se déroule ce soir le carnaval. Et un bronze de Jean-Paul II bénissant les indigènes “et tous les habitants d’Amérique” sujet de la colère de Toldo contre Rome et l’effacement calculé de l’histoire commencé il y a cinq cent ans par la crémation des livres mayas, mais la véritable surprise est à l’intérieur de la basilique. Comme nous cheminons avec le peintre-yogi en direction de l’autel, Toldo nous arrête. Il fait remarquer sur le carrelage de terre cuite de la travée centrale le joint de maçonnerie. Il va s’élargissant, il se brise. Plus loin les carreaux se soulèvent. Toldo désigne alors au sol, non loin du chœur, une surface entièrement brisée de la taille d’une tombe. Les maçons font tout pour aplanir les carreaux et les sceller. Sous la poussée d’une force souterraine, ils continuent de se soulever et se brisent. “Lilith”, déclare Toldo. Et le peintre-yogi, au fait de l’histoire: “… qui n’a de cesse de revenir.”.