Drôme

Camp­ing de l’Isle-blanc, le lieu est inédit. Logé dans une forêt, invis­i­ble du ciel, rangé con­tre un lac- bassin, acces­si­ble par une la départe­men­tale qui cir­cule entre l’aéro­drome et la cen­trale nucléaire. Aucun pan­neau. J’ai essayé, rien n’indique l’ex­is­tence de ce camp­ing. En juin, j’é­tais per­du. Je règle le GPS. Il m’é­gare. Véri­fi­ca­tion faite, je suis bien sur le site de l’Isle-blanc, mais le camp­ing qui porte ce nom est ailleurs. A‑t-il été démé­nagé? Désor­mais il se trou­ve à quelques cen­taines de mètres du vil­lage l’Homme d’armes. Un vil­lage qui com­mence et aus­sitôt finit, un vil­lage dont le bâti­ment prin­ci­pal est une usine. Je bifurque sur un chemin de terre, pénètre dans la forêt. Gala est éton­né. Moi aus­si, mais ce soir je suis cer­tain de ma direc­tion: j’ai pris des repères en mai, lors du dernier pas­sage. Le camp­ing est là, der­rière une porte grise, tirée, close. A l’in­térieur, pas un bruit. Vaste camp­ing, mais flou, enfon­cé dans la végé­ta­tion. Neuf heures que je roule. Nous avons accéléré pour aboutir car à dix-neuf heures le bar ferme, avec le bar la récep­tion, les gens s’en vont, le silence retombe, on entre plus. Horaire respec­té et pour­tant le bar est fer­mé. A l’Homme-d’armes il fai­sait encore jour, ici la nuit est tombée. Des phares jaunes trouent l’ob­scu­rité. Un Chrysler Wag­on cabossée avec à son bord une famille cou­verte de tatouages : “il faut deman­der un code”. Télé­phone, j’ap­pelle… Répon­deur. Nous quit­tons la forêt, remon­tons en direc­tion de Tri­c­as­tin, garons le van au Floréal, autre camp­ing, en ter­rasse celui-là, vue sur les chem­inées de refroidisse­ment. Sous les panach­es de vapeur j’en­file à grand-peine la capote isolante sur le toit ouvert. Il fait deux degrés. Sans la capote, impos­si­ble de dormir dans le lit d’étage.