Oliete

Apéri­tif d’an­chois, d’o­lives et de vin dans une sta­tion-ser­vice de Bel­chite, le vil­lage “musée de guerre” voulu par Fran­co. Ensuite route à tra­vers les déserts de Teru­el. Nous atteignons l’après-midi le vil­lage de Muniesa. Posé sur un roc, entouré de cirques, ses maisons pointent vers le ciel. La dernière, celle de Dieu, touche aux nuages. En pente, les rues sont qua­si imprat­i­ca­bles. Elles tombent comme les robes-cloches des dames de cour. En aval dans une herbe translu­cide, le rio Reguera Granje­ta. C’est dimanche. Les familles digèrent au soleil, des enfant motards font des acro­baties sur la route de tra­verse. J’en arrête un. Au moment de deman­der ma direc­tion, je vois que je ne sais pas dire “gouf­fre” ni même trou (quand il n’est pas au pan­talon). “Peux-tu m’indi­quer la grotte effon­drée?”. Car l’ingénieur en mines Loren­zo, mon voisin d’A­grabuey, comme j’ex­pli­quais notre inten­tion de vis­iter la “trou” d’Oli­ete a pré­cisé : il s’ag­it d’une voûte de grotte qui s’est effon­drée”. Le gosse motard ne sait pas. Depuis un patio, son par­ent crie : “la Sima de San Pedro hijo!”. Nous l’at­teignons quelques min­utes plus tard, elle est au fond d’une val­lée qui sent le porc d’él­e­vage. Entre temps la route est dev­enue chemin, le chemin tracé, el tracé dif­fi­cile. Gala recom­mande de finir à pied. Elle attendrait près des éle­vages. Je gravis par le ter­rain. Trois lacets et le “trou” est là. Cent mètres de bouche. Autant de pro­fondeur. Ou plus? Je marche sur les lèvres, passe la tête au-dessus de la clô­ture. Les façades intérieures que lisse la lumière sont ocres et rouges. Une famille m’a précédé sur le sen­tier de ronde. Elle marche en sens inverse des aigu­illes de la mon­tre. Nous nous croi­sons. Au point d’échan­crure, une nacelle per­met de s’a­vancer au-dessus du vide. Elle est inter­dite. J’en­jambe la clô­ture. Fais quelques pas. N’ose pas aller plus loin. Des oiseaux piail­lent dans le ciel. “C’est pro­fond?” demande Gala quand je la retrou­ve dans le van (por­tières clos­es pour lim­iter la puan­teur des porcs). Je ne sais pas. Pas exacte­ment. “Très pro­fond…”, je dis. Et gouf­fre se traduit “sima”.