Mines

Garé le van au camp­ing d’Alia­ga, der­rière une chapelle romane. Pour attein­dre la récep­tion, il faut rouler sur un pont médié­val ou plonger dans la riv­ière. Le défilé qui con­duit au vil­lage minier est flan­qué de cen­taines de coro­ns. Je monte la capote d’hiv­er sur le toit ouvrant, fais mon lit en haut, Gala dormi­ra en bas. Il y a un bar. En Espagne authen­tique, il ressem­ble à une salle de bains. Car­relage blanc, comp­toir de fer, bac à glaces et poêle à pel­lets. Pour­ra-ton manger ce soir? Oui, mais seule­ment si vous venez à 20h30 pré­cis­es. C’est que la dame attend cent per­son­nes. Au vu du local, du silence, de l’isole­ment, astronomique ce chiffre! Une torche à la main, nous nous ren­dons au bar à l’heure dite. Porte fer­mée. A neuf heures moins le quart, moins dix puis neuf heures: porte fer­mée. Scep­tique, je fais à Gala: “elle t’a bien dit pour ce soir? Après tout c’est dimanche… ” A 21h20, une dizaine de clients atten­dent dans le noir. Nous bavar­dons. Le clients ne savent pas. Ils ont réservé. Ils font: cent cou­verts? Ce soir? Oui, c’est posi­ble. Soudain, bruit de moteur. Une jeep tra­verse la riv­ière. La patron et sa dame saut­ent à terre. Ils salu­ent. Ils ouvrent le bar, sor­tent du vin, des sauciss­es… Bien­tôt cent per­son­nes com­man­dent, chahutent, chantent et rient.