Obscurantisme

Le pro­jet d’écrire ce Syn­drome d’ob­scu­ran­tisme est venu après un énerve­ment. Gala m’en sera témoin, je ful­mi­nais. Le soir encore, je n’é­tais pas calmé. D’ailleurs, il ne faut pas dire pro­jet mais bien écri­t­ure, car aus­sitôt j’ou­vrais un cahi­er pour y vers­er ma stu­peur. Que dis­aient donc ces opposants de l’op­po­si­tion non-con­trôlée, ceux que j’é­coute sur la foi de leur engage­ment anar­chique ou lib­er­tarien analyser, cri­ti­quer et défaire les poli­tiques d’E­tat, le mon­di­al­isme de la haine ou la coloni­sa­tion par l’im­mi­gré? Qu’il faut un “retour au chris­tian­isme”! Bon dieu, qu’un croy­ant pro­fesse ce sésame, c’est enten­du mais des révoltés de la rai­son? Et ce n’é­tais pas que ces fig­ures médi­ati­co-numériques, mais l’a­mi B. Lui aus­si se fendait d’un mes­sage sur mon télé­phone : “il est temps de refonder la reli­gion”. Quelle folie! Donc, j’al­lais écrire et même je com­mençais un Syn­drome d’ob­scu­ran­tisme. L’én­erve­ment retombé, des ren­dez-vous me ret­inrent, puis la tra­ver­sée du Bal­a­ton. Ce matin, ayant survécu à une autre nuit à trente degrés dans le dis­trict XIII de Pest, je me suis promis de ne rien faire de ma journée. Joignant l’acte à la parole, j’é­tais à midi au pre­mier étage du marché Lehel dans mon “söröző” favori, huit tables en ronds de métal devant un comp­toir que fréquentent des ivrognes tran­quilles. Je suis le seul client à ne boire que de la bière. Les autres l’u­tilisent pour arroser les alcools. Ensem­ble, nous pas­sons là des heures à regarder les gens du quarti­er s’in­ter­roger devant les vian­des, légumes, laitages et ces jours les pastèques. A la sec­onde canette, je me félic­i­tais. Je ne fai­sais rien. Puis j’ai pris le cahi­er. Posé quelques phras­es. En début d’après midi, l’én­erve­ment causé par l’idée d’un “retour au chris­tian­isme” m’ayant repris, je ter­mi­nais le texte. Exces­sif, excla­matif, ludique et fleuri, c’est une harangue, c’est un pamphlet.