Balai

Dès huit heures sur la route de col avec l’av­o­cat occupé à bal­ay­er le gravier. Mon­té sur une machine à rouleau d’une tonne, un chas­seur ami de J. nous précède pour avaler le gros de la cail­lasse. La brosse de paille soulève une pous­sière qui masque le ciel. Le nuage est vis­i­ble à l’oeil nu. Avant qu’il ne nous atteigne, nous grim­pons sur le talus. Quand il retombe, nous allons au labeur. Ain­si de suite pen­dant trois heures, le long de la pente qui mène au vil­lage de Gal­maña. Il faut pré­par­er la route. Same­di les cyclistes en com­péti­tion doivent pou­voir rouler à bonne vitesse sans finir dans le ravin. L’av­o­cat, fin con­nais­seur du vélo, indique les tra­jec­toires prob­a­bles. Nous bal­ayons là. Puis nous pres­sons le pas, les bal­ais de fer sur l’é­paule, car la machine qui a pris de l’a­vance. Trois virages plus bas, le con­duc­teur d’en­gin est occupé à relever un Alle­mand et sa femme qui ont chuté à moto. Casqués, bot­tés, bardés, ils sont aus­si âgés. Lui porte une mous­tache blanche du siè­cle dernier. L’av­o­cat s’en­quiert en Alle­mand: “Alles gut?”. Encore choqué, le cou­ple répond sans apercevoir ce qu’il y a d’é­trange à être apos­trophé en Alle­mand dans un col des Pyrénées où passe moins d’une voiture par heure. Quand ils repar­tent, l’av­o­cat observe: “sans nous impos­si­ble de relever la moto, elle pèse plus de deux cent kilos!”.