Au tri des urgences. Les autres patients ont l’air d’attendre, de pouvoir attendre, ils parlent, ils regardent, ils sont accompagnés, ils attendent. Pas moi. La douleur est épouvantable. Mes genoux, mes pieds, mes mains, ma bouche tremblent. Une infirmière demande mon nom, je demande un anti-douleur. Un homme en blouse surgit d’un rideau, empoigne le fauteuil roulant, me conduit devant un médecin. Le médecin me couche sur un lit d’observation. “Votre cœur est en train de lâcher, nous allons pénétrer par le bras jusqu’au cœur”. Pas possible, voilà ce que je me dis, ce sont les pompes, c’est la bagarre. Le lit roule à travers des couloirs, j’entre en salle d’opération. Le chirurgien demande si je peux changer de lit sans aide. Je peux. Il présente un formulaire: “en signant, vous donnez l’autorisation de pratiquer l’opération”. Comme je sais que la police a averti Gala, je fais: “est-ce que je peux attendre d’avoir l’avis de ma femme elle est en route (pas le cas, les flics ne la trouvaient pas)? “Vous pouvez, répond le chirurgien, mais dans dix minutes vous êtes mort”.