Ascension du Portalet. Je ne me souvenais pas. J’ai gravi ce col sous la neige lorsque j’habitais le Gers, je l’ai emprunté ces dernières années, aujourd’hui il m’a semblé interminable. Il l’est, il y a 27 kilomètres de montée. Ce sont d’abord des villages dressés sur la pente, puis des forêts de pins et de fougères, ce matin humides, encaissées, pleines de voitures et de motards, de bruit et enfin, cela se dégage vers Artouste, la haute montagne commence, avec elle la respiration devient meilleure, la vue est dégagée, il y a des vaches sous les nuages et beaucoup de ciel. Sur la fin — les derniers 5 kilomètres — je manque d’entrain, je joue à gagner contre un cycliste filiforme que je vois dans mon rétroviseur, il s’est juré de dépasser le vieux aux sacoches. Arrivé le premier, je bute sur un Hollandais qui crache ses poumons. Je le plaisante, ce qui ne le fait pas rire. Il monte un vélo à piles et demande “de l’autre côté, c’est comment?”. Il veut dire “vers la France”. Plus dur. Or, sur son vélo électrique, il arrive de Salent de Gallego qui est situé à quatre kilomètres. Côté Aragón, la chaleur augmente. Je retire un habit, puis un autre. Quand il ne reste plus rien j’arrête, mais on pourrait circuler nu tant la chaleur est grosse. Sur le tronçon Sabiñanigo-Jaca, je compte 38 degrés. A l’heure du repas, je suis dans Agrabuey. Le paysan m’accueille. J’ai roulé 1050 kilomètres pour 11’000 mètres de montée en six jours et demi.