A Adé comme à Teruel, des Boeing posés au milieu des champs, mais c’est un restaurant que je cherche car à force de pédaler à travers les reliefs on oublie les situations et les hommes et faute d’attention je n’ai pas su que nous étions jour de l’ascension, jour férié. Je trouve des Macaronis quelque part sur une terrasse le long de la route et j’ai chaud et j’ai froid car le soleil ce jeudi est inconstant. Le café bu, je remonte à vélo. Déjà je sens la fin du voyage ou plutôt le début des Pyrénées et j’accélère. En milieu d’après-midi, je suis à Lourdes. De là, je remonte la vallée de l’Ouzoum, petite rivière encaissée, pontons de pierre, pacages, écrins de verdure, maisons au pied des pans de montagne; j’oubliais que la source est nécessairement en hauteur et qu’ici la hauteur se nomme le col de Soulor. Quand je commence l’ascension des 11 kilomètres, un cycliste hésite. Je lui montre mes sacoches, mon poids, la distance parcourue depuis le matin, je lui dis: “nous allons monter ensemble, je roule lentement”. Le premier panneau indique: 9% sur trois kilomètres”. Il renonce. Il n’a pas tort. C’est long, c’est dur. Au col, je vois que je n’en ai pas fini. Ma route passe par l’Aubisque. Or, la liaison par la montagne est fermée. La patronne du refuge dit : “vous pouvez y aller mais ne tombez pas, personne ne viendra vous chercher”. C’est ainsi que j’arrive de nuit et dans le brouillard à Laruns, en terre connue, prêt à affronter le lendemain la dernière droite vers l’Espagne.