Poste

Le vingt-six avril, je roule trente kilo­mètres par-dessus la fron­tière pour me ren­dre au pre­mier vil­lage français Urdos poster un col­is qui con­tient quelques habits et la copie du dossier de jus­tice dont j’ai besoin pour la séance à Genève. Résul­tat: une semaine que je me balade en slip (duo-pack Car­refour) vêtu d’un T‑shirt noir made in Bangladesh. Ce matin, je descends réclamer à l’épicerie du port. Le pro­prié­taire, un crâne rasé qui a le vis­age de Tcheky Kario, un homme plein de bonne volon­té et qui gagne sa vie côté bière depuis que je suis son voisin, intro­duit le code de mon col­is sur la borne de traçage. Une liste de douze événe­ments appa­raît à l’écran dont: “inci­dent interne”, “prob­lème de météo”, “dévi­a­tion de l’en­voi”, “retour à la cen­trale de tri”, “sec­ond inci­dent interne”. Gala appelle le numéro “gra­tu­it +appel fac­turé” grâce à l’aide de deux jeunes qui expliquent le mode d’emploi de son sys­tème à pré­paiement, obtient le déclenche­ment d’une bande-son offi­cielle des Postes français­es, répond dig­i­tale­ment à plusieurs robots et à la fin, un aimable télé­phon­iste sta­tion­né au Maghreb dit: “nous allons retrac­er l’événe­ment”. Il fait beau, je fais la lessive. Tan­dis qu’un slip sèche, je porte l’autre.