Au départ de Marseille-Saint-Charles en TGV. Longtemps que je n’étais plus monté à bord de cet engin. Mon compartiment, le dernier, en tête de train, est logé contre le poste de pilotage. D’abord, j’y suis seul. Une courtoisie, me dis-je, de la guichetière de la gare de Hyères que j’ai aidée a faire entendre en anglais aux Ukrainiens qui présentaient leur passeport: “oui, c’est gratuit pour vous, mais seulement si vous êtes muni d’un certificat d’entrée sur le territoire français”. Alors que les immigrés cherchent la parade, la guichetière tranche: “depuis quand êtres vous en France?”. Deux mois, répond l’Ukrainien. Conclusion: la guerre n’avait pas commencé, il faut payer le billet. Courtoisie, disais-je à propos de ce compartiment de huit sièges équipé d’un réseau wi-fi gratuit, mais au fond je n’en sais rien — outils et mœurs changent si vite que l’on ne peut plus rien inférer à partir d’une expérience vieille de cinq ans (dernière visite à Paris, à l’occasion de la discussion avec Gérard de Allia du manuscrit de H+). Dans une heure, ce sera Lyon puis direction Genève à bord d’un trois-wagons à vitesse de draisine. A Cornavin, je mangerai avec Aplo et Luv. J’ai la journée du mercredi pour préparer les quelques réparties que le juge du Tribunal des prud’hommes de Genève m’autorisera dans le cadre de mon recours contre Monfrère lequel, par esprit de vengeance et surtout, sans réfléchir, m’a licencié de mon poste.