Cinquième fois que je suis déféré devant un tribunal. Ce n’est pas drôle. D’abord parce que les moyens qui vous ont été donnés au cours de la vie tombent. Ils sont dans les mains des professionnels. Vous êtes dans les mains des professionnels. Qui n’ont vraisemblablement pas le quart de vos moyens. La régression est instantanée: vous voici enfant. Bien entendu, vous avez le droit de vous défendre. Et même le devoir, quitte à se taire (le silence est une défense). Des hommes en redingote et des femmes, ici en Espagne surtout des femmes, vous obligent alors à parler dans leur langue qui est un langage. Les faibles en parole ne passent pas l’obstacle (mécanique fatale des classes sociales) ce qui arrange la cour: elle fait dire ce qu’elle veut aux faibles. Dont je ne fais à l’évidence pas partie, d’où mon anxiété. Car le fort en gueule et en lexique doit se méfier, les parades sont admises du seul côté des professionnels. Eux ont le droit universel de se montrer, de faire cour. Raison pour laquelle, sur le fond, je comparais une fois de plus: confronté à un problème, je n’appelle jamais la police, je règle seul. C’est pourquoi, au-delà de la petite dialectique tirée des modes d’emploi avec argumentaire, demi-preuves et attendus, ces professionnels me font la morale: “la justice existe, la police existe, l’Etat existe, vous devez leur faire confiance Monsieur!”.