Déshérités

Il y a quelques années j’é­tais à Chin­dale, chef-lieu de la Nation Nava­jo, dans le Col­orado; on voy­ait dans ce désert des Indi­ens titubants, des goss­es tenus par des édu­ca­teurs blancs, des pros­ti­tuées lépreuses et de la terre jaune le long de rues tristes. Un sen­ti­ment de fin de civil­i­sa­tion, ou plutôt d’im­pos­si­ble retour à la civil­i­sa­tion. Ce soir je regarde The Killing, une série poli­cière quel­conque et retrou­ve à l’oc­ca­sion d’une scène filmée dans une réserve d’In­di­ens d’Amérique ce même sen­ti­ment de cat­a­stro­phe, sauf qu’il m’ap­pa­raît aujour­d’hui, face à ce désolant spec­ta­cle, que c’est nous doré­na­vant qui nous pré­parons à subir les effets délétères d’une mise au ban et j’imag­ine avec angoisse fan­faron­ner les brig­ands qui vilipen­dent avec méth­ode heure après heure notre mode de civil­i­sa­tion issu des Grecs et des Latins au prof­it d’un fic­tion néfaste et robo­t­ique où le post-humain se prend pour le mem­bre émérite d’une espèce supérieure.