Chouette

Same­di neuf heures trente le soir, quelque peu imbibé, trop longtemps seul, con­va­in­cu qu’il y a réu­nis dans le bar d’A­grabuey en ce pont de la fies­ta del Pilar (la fête de l’His­panic­ité) tous les voisins, ce d’au­tant plus que, je viens de le décou­vrir en affichant la pre­mière numérique de El País, La France joue au bal­lon con­tre l’Es­pagne, je me sape, passe de l’eau sur mon vis­age, descends. Je suis accueil­li par la ten­an­cière, une vieille chou­ette acar­iâtre qui a cepen­dant, comme j’en ai, du car­ac­tère ‑ce que elle et moi savons- et aus­sitôt, devant une salle déce­vante car à moitié pleine (rien que les habitués for­mant groupe autour de leur table), la voici qui me tient un dis­cours de mode d’emploi sonore “press to play” sur le virus, me rap­pelant de met­tre mon masque, de me tenir à deux mètres si je suis assis, de me met­tre à un mètre trente si je suis debout, de remet­tre le masque entre deux gorgées de vin, de remet­tre le masque pour sor­tir, pour aller piss­er, pour revenir du pis­soir, dis­cours tenu devant le groupe, au demeu­rant sym­pa­thique, lequel écoute avec des oreilles bien ten­dues — je ne peux pas lui dire qu’elle est bête, elle ne com­prendrait pas.