Mois : janvier 2021

Donne 2

Maître des sta­tis­tiques, le gou­verne­ment (tous les gou­verne­ments) décrète la loi et enferme les corps. Pen­dant ce temps, il bal­aie l’an­cien monde, installe son décor total­i­taire. Lorsque l’on nous lais­sera ressor­tir, nous ne recon­naîtrons rien. Les plus enragés s’ef­forceront de cul­tiv­er les dernières traces, en eux, d’un occi­dent de savoir-vivre et de raison. 

Donne

Le gou­verne­ment m’in­ter­dit de tra­vailler et m’an­nonce qu’il va me pay­er. C’est bien cela le com­mu­nisme, non?

Collaborez! 2

Cela dit. Qui est facile à dire. Que faire? Ayant d’emblée liq­uidé cette peur de fab­rique, je ne fais pas mieux. Partout mon­tent les murs. Et l’escalade n’est pas un art inné.

Collaborez!

Ayez peur de tout! Ne vous relâchez pas! Soutenez active­ment votre sen­ti­ment de peur! Par­ticipez à la liq­ui­da­tion de la vie par la peur!

L’Autrichien

Le dia­bolique Klaus Schwab qui vient de déplac­er son Forum Economique Mon­di­al de Davos à Sin­gapour après avoir pro­mu pen­dant trente ans du haut de nos mon­tagnes, pro­tégé par l’ar­mée de mil­ice et les vendeurs de coucous grisons, l’idéolo­gie nihiliste, met à l’hon­neur dans son fief renou­velé Xi Jinping.

S.D.

Sit­u­a­tion dramatique. 

Ecriture

Fini cet après-midi le roman d’an­tic­i­pa­tion. Très peu antic­i­pa­teur. Le temps qu’il soit pub­lié, il sera dépassé. Dix jours d’un tra­vail d’écri­t­ure intense et tran­quille. Ces derniers jours, au jardin, au soleil, les pieds dans la neige. Un peu hal­lu­ciné tout de même: dernière phrase et date grif­fon­nés dans le qua­trième cahi­er, je sors de la mai­son les lunettes de vue remon­tées sur le front. Le voisin guide et sa femme sont dans la rue, et leur enfant, dans le lan­dau. Je me frotte les yeux. “Ale­jan­dro, tu dor­mais?”. Que non, j’écrivais. Depuis le réveil. La femme, “tu es sûr?”. Ce qui dit assez ma tête.  Le décor men­tal était si solide (une avenue, des immeubles blancs, deux car­refours, une garderie d’en­fants expéri­men­tale), que je peine à rejoin­dre le réel. Comme pour le café, celui que je coule chaque matin en nour­ris­sant d’eau et de grain la machine. Quand je réfléchis à la quan­tité d’eau utile pour six tass­es, je me trompe, j’en mets trop ou trop peu. Lorsque je suis chlo­ro­for­mé, per­du, ensom­meil­lé, je place le pot de verre sous le robi­net, l’ou­vre et le ferme sans y penser, le compte est bon. Pour le texte, quelques deux cent pages man­u­scrites, même phénomène: pas réfléchi. Fait que décrire ce que je voy­ais. Et main­tenant? Dans cette société qu’écrase l’E­tat? Il faut s’en aller. Mais où? Voilà le prob­lème: il n’y a plus nulle part. Les espaces sont détru­its, les corps enfer­més. Avant privatisation.

Anticipation

Lunettes devant les yeux, sur une chaise en pleine neige, face au soleil, j’écris dans un cahi­er chi­nois le roman d’an­tic­i­pa­tion et je m’a­muse. Un moment, je rejoins les voisins qui pel­lent la glace de notre rue pavée qui enfin, après trois semaines de tem­péra­tures intens­es — jusqu’à moins 15 en mat­inée, peut être attaquée à la pioche. Et retourne à mon cahi­er pour décrire le défilé le long de l’av­enue de l’U­nion Européenne Economique du prési­dent chauve, un acteur qui imite le vrai prési­dent. Ver­non, noyé dans la foule, s’ap­prête à com­met­tre la “per­tur­ba­tion”.

Accélération de la terreur

Défend­ez votre intéri­or­ité. Eux n’en ont pas. Ce que c’est, ils l’ig­norent. Pro­jet­tent sa destruc­tion. La détru­isent. Pour la défendre, apprenez son archi­tec­ture intime, ses lim­ites, son auto­genèse. Con­tin­uez à la main­tenir vivante. Défendez-là! 

Bêtes

Sur les hauts d’A­grabuey, mou­tons ensevelis par une avalanche. Le pas­teur les tire par les pieds, les mou­tons se débat­tent dans l’air, ébrouent les glaçons de neige. On croirait des nou­veaux-nés. Noyé dans les épais­seurs, un plus petit a suc­com­bé. Le fils: “papa, il ne bouge plus!”. Le père: “sors le!”