Assez! (11)

Les immi­grés que l’E­tat importe des ter­res prim­i­tives de l’homme se tien­nent désor­mais ici, sur notre sol d’Oc­ci­dent, comme ils se tenaient aupar­a­vant, dans leurs loin­tains déserts, au pied des images télévisées de la pro­pa­gande hol­ly­woo­d­i­enne. Chaque jouir ils espèrent. Chaque jour ils espèrent un peu moins. Le rêve brisé, ils camp­ent sous les ponts, ava­lent de la mau­vaise drogue et récoltent quelques francs européens dis­tribués par la Sécu­rité con­tre bons ser­vices (ils sont venus). Pen­dant ce temps, nous autres imbé­ciles pleur­nichards, can­ton­nés dans les étages des immeubles de rap­port, fixons la rue avec une angoisse nou­velle. Car les éner­gumènes à peau som­bre couchés sur le trot­toir don­nent un aperçu du des­tin uni­versel que pré­par­ent les faux dirigeants. Et quoi? Eh bien, nous aurons tout per­du! Nous comme les immi­grés. Eux n’au­ront rien obtenu du rêve mer­can­tile qui leur était van­té. Nous autres aurons tout bradé de notre savoir-vivre. Ain­si en ira-t-il de ce monde pro­gram­mé où, de la fos­se, nous peinerons à savoir voir ce qui se trame sur la hau­teur. Là inter­vient le trag­ique de l’his­toire. Jusqu’i­ci, nous avions compt­abil­isé deux per­dants. Troisième et dernier, donc. L’in­sti­ga­teur de cette merde. Sur la hau­teur, les néfastes ne prof­iteront que briève­ment de la destruc­tion de la lib­erté. Passé la péri­ode de débauche et d’il­lu­soire lib­erté, ils s’entretueront.