Srvar 2

Ville anci­enne par­cou­rue de brumes. Elles vien­nent du port, filent sur la place, ren­con­trent le clocher de l’église. Un chien aboie, se recouche. Au pied de notre immeu­ble, le serveur du restau­rant. Huit heures d’affilée, il pian­ote sur son télé­phone. Depuis une semaine, je ne lui ai pas vu un client. Nos pro­prié­taires, deux femmes fil­i­formes habil­lées de noir, m’expliquent : « pour obtenir les com­pen­sa­tions du gou­verne­ment, il faut garder ouvert ». Elles font pareil. Vont et vien­nent entre la ter­rasse (où trois qua­tre fois le jour prend place un client), le bar et l’arrière-salle. Lorsque je remonte à l’appartement, je les trou­ve à grig­not­er dans la buan­derie. Je ne m’attarde pas. Je suis grip­pé. La nuit dernière, j’ai dor­mi qua­torze heures et encore trois dans l’après-midi. Dimanche, je suis allé faire des exer­ci­ces de force sur la prom­e­nade. D’une part, je me suis blessé à l’épaule (j’avais aban­don­né cet entraîne­ment pen­dant le voy­age à vélo), d’autre part, il est prob­a­ble que j’aie pris froid. Je dis prob­a­ble, car même si les autres sportifs étaient en veste et bon­nets, il fai­sait une tem­péra­ture douce. Dans tous les cas, depuis, je rase les murs. Il a même fal­lu ralen­tir la con­som­ma­tion de bière (cette excel­lente Lasko slovène).