Quitté ce matin Trieste. Temps lumineux, rues à l’équerre, architecture des villes de commerce et familles italiennes en ballade. Dans le port, un building couché sur la mer, bateau de croisière, quatre étages de balcons blancs, le Costa Delizia: à l’arrêt sous le coup de l’épidémie. Grand plaisir à voir ce bâtiment de rapport en déshérence. Dans les parcs, hordes de Pakistanais crasseux et zombifiés. Personne ne s’en soucie. Programme d’importation des criminels, tel que voulu par nos gouvernements. A traiter au pistolet. En commençant par les importateurs. Je longe la mer, me fourvoie, bute comme il se doit sur des zones protégées, des parcs à conteneurs, des hangars, des barrières, puis j’atteins Muggia, ville satellite de Trieste que j’ai repérée: elle permet d’éviter les ponts autoroutiers et les zones filmées. Là, deux Allemands sur des VTT électriques. Aussi perdus, moins causant. Un accord tacite est vite établi: eux ont un GPS, je me débrouille en italien. Huit kilomètres à serpenter à travers des quartiers ouvriers et nous voici sur la route côtière. Je prends de l’avance, les sème (près de la douane, deux clochards assis sur le digue pêchent le poisson; ils ont des bouteilles de rouge à la main, ils ont planté leurs trois cannes en travers de trottoir de façon à ce que les promeneurs aient à enjamber et à savoir ce qu’ils font, essayer de manger- rien de plus rassurant qu’un clochard). Slovénie. Pas de douane. Elle a été transformée en station-service (l’essence coûte 0,38 cts de moins qu’à Trieste). Je rejoins Koper (Capo d’Istria), le port où nous avons dormi la première nuit de notre périple dans l’est avec Evola il y a deux ans: meilleure impression qu’alors il faut dire qu’il pleuvait des cordes. Là, surprise: une piste cyclable. Ravi, j’accélère. Une tendinite m’empêche de pédaler en position cycliste. Soit je vais en danseuse soit le dos raide. Mais je vais. Les villages côtiers se succèdent: Izola, Portorose, Secovlje. Bientôt je ne sais plus si je suis en Slovénie ou en Croatie. Je craignais la sortie d’Italie. Maintenant que c’est passé, je roule sans souci. Donc je confonds la douane croate avec un péage. Passe tout droit. Le douanier me siffle, me rabat. Il dit: “vous pouvez entrer, mais vous ne pourrez pas ressortir.”
-Je ne veux pas ressortir.
“Où allez-vous?”
Je cherche ls noms que j’ai appris en lisant la carte. Comment se souvenir de noms de villages qui combinent des “k”, des “j” et des “z”?
-En Bosnie.
“Après?”
-En Roumanie.
“Oh! Bon très bien. Allez‑y!”.