Traversés les marais salants qui tiennent lieu de zone frontière entre la Slovénie et la Croatie, j’entre dans un chemin signé D80 (une voie cycliste), roule un kilomètre sur de la terre inondée quand monte brusquement la végétation. Plus loin elle cache le chemin, freine le vélo, les pneus enfoncent dans la boue. Je persévère. D’abord parce que je suis imbécile, ensuite parce que, convaincu d’avoir tort, je demande à le vérifier. Dans ces conditions, je roule une vingtaine de minutes en m’arrachant les mollets au contact de la broussaille tandis que s’évadent vers le ciel des perdrix et des cygnes. Enfin je renonce et me casse le nez sur la patrouille douanière venue me chercher suite au signalement d’un voisin. Le garde frontière : “vous faites quoi là?” J’explique. Il demande: “vous étiez signalé, mais on cherche aussi une famille de clandestins qui transite par les marais, vous avez vu dans le no man’s land?”