Dès le début des difficultés sanitaires, le pouvoir à annoncé dépeupler les commissariats. Requis pour d’autres tâches, les agents ne répondraient plus aux appels, sauf cas d’urgence “devant être justifiés auprès du standard téléphonique”. Aussitôt prenaient le relais les civils, administrant pour soi et autrui les règles d’exception, et surtout le petit personnel préposé aux services, caissières, banquiers, voireux, pharmaciens, boulangers. A l’instant, comme je me faisais reprendre dans un supermarché pour un “dépassement de ligne” me revenait en mémoire l’ordre en apparence naturel qui régnait dans Hanoï, début 1990, alors que je séjournais chez Monpère. C’était la célèbre organisation pyramidale. Concept d’architecture sociale traduisant le fait que chaque individu en contrôlait trois autres, qui à leur tour en contrôlaient trois autres, ceci du sommet à la base du pouvoir. Quand je me penchais par la fenêtre de la résidence d’Ambassade, je voyais sur l’esplanade Hô-Chi-Minh des soldats en arme. Par trois, ils veillaient sur le mausolée dans lequel dormait le père de la liberté.