Mois : avril 2020

Tourisme

Qua­tre mil­lions et demi de Suiss­es en Suisse. Voilà qui per­met de ramen­er de l’air. Alors seront bien­venus les étrangers. En vis­ite. C’est d’ailleurs la règle dans leurs pays.

France gouvernement

Plus on avance, plus c’est flou. Plus c’est flou, moins on avance. Stratégie de pou­voir — millénaire.

Licou

Vous pour­rez pro­duire, sans voir per­son­ne; acheter, sans voir per­son­ne; fêter, seul; par­ler, sauf à vous faire enten­dre; écrire, sauf à pub­li­er, vivre, sauf à men­ac­er le pouvoir.

Villes

La com­mune de Fri­bourg adresse à ses clients, locataires de locaux publics, un aimable cour­ri­er leur sug­gérant de réclamer, au titre de l’épidémie, l’an­nu­la­tion du loy­er. Mesure généreuse qui mérite d’être soulignée. Si je m’en tiens aux rap­ports entretenus depuis vingt ans avec les Villes de Romandie, la palme du mépris et de l’im­bé­cil­lité revient à Lau­sanne, celle du bon sens et de l’aménité à Fribourg.

Bars

Par­ler, il faut par­ler. Pas plus, mais mieux, et face à face. Les bars, bas­tion de la lib­erté, on y boit et on y par­le. Prix, à baiss­er. Qual­ité de l’al­cool, l’amélior­er. Horaire, à élargir. Musique, à désin­dus­tri­alis­er. Fête, con­fi­dence, sédi­tion, relançons l’in­tel­li­gence du peu­ple! Assez du joug des ayants-droits!

Mouvement 16

Très peu de mou­ve­ment, un ralen­ti. Dans les mon­tagnes proches de l’im­meu­ble, des étu­di­ants asi­a­tiques, ils  rasent les murs, on ne peut les saluer, encore moins s’en­tretenir. Il pleut. Le brouil­lard monte, la ter­rasse dis­paraît. J’at­tends l’an­nonce d’une éventuelle réou­ver­ture des fron­tières. Cepen­dant, je cor­rige Naypyi­daw et m’imag­ine vieil­li, ren­du à demeure, faisant ce que je fais, écrire, mais seul tout à fait, ne faisant que cela, sup­primées les cours­es, les soirées, les tra­ver­sées à vélo. Au télé­phone, C. me dit, “on aura prof­ité!” — ou est-ce moi qui dis cela: c’est moi. Lui: “après les années 1980, 1990…”. Il a rai­son, le début de la grande faib­lesse, de la bêtise sys­témique (j’emprunte à Stiegler), la fête des couleurs et l’anal­phabétisme indus­triel com­men­cent dans les années 2000. Moi, aujour­d’hui, l’avenir, n’é­tait-ce pour les enfants, j’en penserai ce que j’en pense. Fumerie d’opi­um dans la ban­lieue de Vien­tiane et lit­téra­ture mineure sur la table à pipe. Car il faut entr­er dans la vie prochaine en toute sérénité.

Images

Télévi­sions nationales: la chi­noise filme des Chi­nois; la Qatari, des Qataris; la Mex­i­caine, des Mex­i­cains. La Suisse, des noirs et des musul­mans; l’Es­pag­nole, des noirs et des Chi­nois; la Française, des noirs et des musul­mans. Dif­férence entre ceux qui prô­nent la mon­di­al­i­sa­tion, la maud­is­sent, ceux qui l’ai­ment, la revendiquent.

Demain-aujourd’hui 2

Au som­met, les multi­na­tionales: elles con­trô­lent l’é­conomie et la con­nais­sance; dans le postlibéral­isme, c’est la même chose. Dessous, les pays de rap­port: ils diver­tis­sent, relax­ent, requin­quent les mass­es, ce sont les pays du sud de l’Eu­rope et quelques des­ti­na­tions ciblées sur les autres con­ti­nents. En-dessous, les pays du tiers-monde, peu­ples esclavagisés via des pou­voirs fan­toches: ils tri­ment et souf­frent, ils pro­duisent les biens à bon compte. Enfin, sur scène, filmés en con­tinu, les gou­verne­ments. Ils orchestrent le spec­ta­cle démoc­ra­tique et assu­ment un rôle de contremaître.

Demain-aujourd’hui

Opin­ion à risque dont je prends la respon­s­abil­ité: nous avons affaire à un coup d’E­tat, du moins une fois défi­ni ce qu’il con­vient désor­mais de désign­er par le mot “Etat”. Soit tout autre chose que des gou­verne­ments ou des Etats. Les gou­verne­ments in cor­pore sont instru­men­tal­isés, de l’in­térieur (per­son­nes de basse besogne) mais surtout de l’ex­térieur (groupes d’in­térêts plus ou moins illégitimes, à com­mencer par les Organ­i­sa­tions inter­na­tionales) afin de relay­er, au titre pro­vi­soire de solu­tion face à une épidémie bien réelle, des dis­cours pen­sés et rédigés par les “thinks-tanks”, ces com­posantes émérites de la planète Occi­dent. Le test que font pass­er ces groupes de pres­sion postlibéraux porte sur la capac­ité de résilience des peu­ples en sit­u­a­tion de réduc­tion de leur puis­sance de vie. Cepen­dant que se pro­duit ceci: la mise à terre des entre­pris­es de l’é­conomie locale en vue d’une postérieure prise de con­trôle, après fail­lite donc, par les com­pag­nies dom­i­nantes et les fonds d’in­vestisse­ment. Le coup d’E­tat n’est ni européen ni améri­cain, il est transna­tion­al, il porte sur les marchés, il est le fait de nihilistes, optant pour la valeur “argent” con­tre la valeur “human­ité”. En Suisse, par oppo­si­tion aux pays alen­tour, le prag­ma­tisme affiché par le pou­voir fédéral dans la ges­tion de la crise plaide pour sa bonne foi (mais, doit-on ajouter, laiss­er notre pays en dehors du coup d’E­tat est un but, comme l’ont lais­sé autre­fois en dehors du pro­jet d’Em­pire les nationaux-social­istes : il est l’oeil du cyclone). Si j’ai rai­son, que ce coup a bien lieu minute après minute, il con­vient que cha­cun réfléchisse, dans son entre-soi, aux valeurs qui le font vivre et méri­tent d’être défendues… car si, au pré­texte que quelques 20 de nos citoyens meurent chaque jour nous accep­tons de nous met­tre à genoux, on devine ce qu’il advien­dra demain.

Enviable formule.

“Specie sui”.