Mouvement 16

Très peu de mou­ve­ment, un ralen­ti. Dans les mon­tagnes proches de l’im­meu­ble, des étu­di­ants asi­a­tiques, ils  rasent les murs, on ne peut les saluer, encore moins s’en­tretenir. Il pleut. Le brouil­lard monte, la ter­rasse dis­paraît. J’at­tends l’an­nonce d’une éventuelle réou­ver­ture des fron­tières. Cepen­dant, je cor­rige Naypyi­daw et m’imag­ine vieil­li, ren­du à demeure, faisant ce que je fais, écrire, mais seul tout à fait, ne faisant que cela, sup­primées les cours­es, les soirées, les tra­ver­sées à vélo. Au télé­phone, C. me dit, “on aura prof­ité!” — ou est-ce moi qui dis cela: c’est moi. Lui: “après les années 1980, 1990…”. Il a rai­son, le début de la grande faib­lesse, de la bêtise sys­témique (j’emprunte à Stiegler), la fête des couleurs et l’anal­phabétisme indus­triel com­men­cent dans les années 2000. Moi, aujour­d’hui, l’avenir, n’é­tait-ce pour les enfants, j’en penserai ce que j’en pense. Fumerie d’opi­um dans la ban­lieue de Vien­tiane et lit­téra­ture mineure sur la table à pipe. Car il faut entr­er dans la vie prochaine en toute sérénité.