Alain

“Le droit européen est devenu un instru­ment de mise en con­for­mité des lég­is­la­tions nationales aux doc­trines néolibérales, qui voient dans l’Etat social, non pas une con­di­tion de bon fonc­tion­nement, mais au con­traire une entrave à l’ordre du marché et aux lib­ertés économiques. Ain­si que l’a observé Fritz Scharpf dès la fin du XXe siè­cle, le droit de l’Union est ain­si capa­ble d’éroder les sys­tèmes de sol­i­dar­ité édi­fiés démoc­ra­tique­ment au plan nation­al, mais inca­pable de leur sub­stituer des sol­i­dar­ités européennes. Les répons­es pure­ment nationales à l’actuelle pandémie sont une man­i­fes­ta­tion de plus de cette inca­pac­ité, déjà évi­dente lors des crises finan­cières, moné­taires et migra­toires qui ont émail­lé ces dix dernières années. La seule sol­i­dar­ité qu’ait réus­si à organ­is­er l’UE est celle des con­tribuables pour sauver les ban­ques de la faillite.”
Alain Supi­ot, Col­lège de France, 21–3‑2020.