Quatre cent kilomètres à travers une jungle entrecoupée de champs de palmes à huile. Pas de ville, pas même de villages ; rien que des hameaux de quelques masures. Les plus coriaces sont dotées d’un mur latéral en briques, les autres ont leurs parois en osier, leur toit en feuillage tressé. La plupart sont montées sur pilotis, tant pour les bêtes j’imagine que pour faire face aux pluies de mousson. Seules autres constructions, le temple, l’école, et ça et là une caserne borgne. Le voyage est interminable. Levés à huit heures, nous roulons toujours au crépuscule. Le chauffeur marque une halte, c’est l’heure de manger : nous sommes à mi-distance. Bien que je n’aie rien avalé depuis la veille, je renonce. Tout est mauvais, jusqu’au riz à la vapeur. Une bouillie de grain cassé. Nous faisons notre entrée dans Kawthaung, à l’extrême sud de la Birmanie, à vingt-trois heures. La grande roue multicolore d’un lunapark nomade tourne dans la nuit. Les lumières de la fêtes estompées, c’est à nouveau la nuit. Je réveille Aplo. Une moto nous prend en charge, nous conduit au Penguin hotel (conseil du taxi). Le lendemain matin, il faut vider tous les sacs : une colonie de fourmis naines s’est installée parmi nos affaires.