Mois : août 2019

Rem­plir les villes avant de les escamoter.

Ceux qui ont poussé plus loin: Anal Cunt.

Groupes de rock extrêmes: Dark, Satan­ic, Death, Grind­core ou Crust, ce que l’on voudra: très au fait du marché et de leur posi­tion­nement (après avoir vomi du sang, tutoy­er les fan­tômes et couper des gorges, il con­sul­tent en bourse le cours de leur action).

La destruc­tion con­sti­tu­tion­nelle des familles est d’abord une destruc­tion con­certée des lim­ites: quand l’in­di­vidu for­maté en unité de répon­dance économique ne peut plus faire face aux trou­bles psy­chologiques qui le dis­persent, il ne trou­ve aucune posi­tion de sec­ours, il fait place net, il se donne la mort (drogue, exclu­sion, arme) — flu­id­ité que recherche le système.

Qui sont ces gens qui déci­dent de l’usage des décou­vertes sci­en­tifiques? Plutôt, de leurs décli­naisons tech­niques? Les inven­teurs? Les bailleurs de fonds. Nous sommes sous leur coupe. Chaque jour de “mer­veilleuses” appli­ca­tions. Que cha­cun adopte, van­tées comme sont leurs qual­ités et facil­ité d’usage. Ten­dez des bar­reaux, l’homme bâtit sa prison.

Cherchez à avoir rai­son, c’est déjà pren­dre acte de la posi­tion de l’autre. La rai­son est la voie. Où qu’elle donne. Les obsta­cles, à balayer.

Un des moments de jeunesse les plus intens­es fut le con­cert que don­na des pièces de Johann Pachel­bel, Guy Bovet aux grandes orgues de la cathé­drale de Mex­i­co. Accom­pa­g­né de Celia, une mex­i­caine ren­con­trée à Man­zanil­lo sur la côte paci­fique une semaine aupar­a­vant, alors que déjà nous nous promet­tions le mariage, je tour­nais autour des stalles pour échap­per à ses bais­ers et pren­dre note dans un car­net de poèmes que je croy­ais extra­or­di­naires et dont je serai en peine de dire aujour­d’hui ce qu’ils ont devenus. Plus tard, la musique finie, nous étions sur un bar en ter­rasse, un sep­tième étage, avec cette vue noire et jaune sur le Zóca­lo, et l’or­gan­iste me fai­sait présent d’un cof­fret de trois vinyle des oeu­vres de Pachelbel.

A Flo­rence, ma fille qui s’ex­clame: “toi, toi!”. Elle voulait dire : “si pes­simiste!”. De bon cœur, tout à trac, elle ébahie, je la détrompe:
-Pas du tout! Je suis fon­da­men­tale­ment un opti­miste! Crois-tu que je me préoc­cu­perais de cri­ti­quer comme je fais si ce n’é­tais pas le cas?
En réal­ité, c’est l’idéal­isme qui joue ce tour: nous abouter au pes­simisme déclara­toire, con­stant, qua­si obses­sion­nel, parce que l’on ne trou­ve pas à se sat­is­faire de la mod­este, la médiocre, la régres­sive, la déplorable réal­ité dont se dis­ent si sat­is­faits les faux-opti­mistes!
Qu’il soit dit que je per­siste à croire que l’homme bien guidé par l’Homme peut tout.

Depuis trois jours, réveil­lé par un saut, vers les qua­tre heures, les par­ties en feu. Je me retiens de grat­ter. Je soulève et sec­oue, je lisse. Résiste. Résiste encore. Assez! Je grat­te, et grat­te et grat­te. Et quoi? Un retour de flammes. Des suc­cubes mordraient à pleines dents mes couilles, je n’au­rais pas d’autre douleur. Le heures passent. Vient le jour. Entre temps j’ai lu en pig­nochant Mar­i­tain, Cocteau, Valéry, Calaferte, Bou­ver­esse et Hen­ri Thomas (il faut le prénom). Suf­fit pas. Cela démange jusqu’à la calotte crâni­enne. Mon­tée à l’é­tage. Sur la lunette des chiottes, j’ex­plore. En 1985, pour avoir bardé mon torse d’un vieux pull de laine extir­pé des plac­ards, mon corps fut infesté de mor­pi­ons. Peut-être suis-je au même régime? Mais non, pas. Dans la pous­sière aimable qui se répand, je ne vois que les miettes du talc que j’ai tart­iné sur mes moyens, aucun ciron vibratile. Lorsque je me ren­dors enfin — sept heures tapantes — les rêves qui me vis­i­tent con­juguent Hol­ly­wood et Tch­er­nobyl. Nous sommes mer­cre­di. Le jour de l’épicerie nomade sur la place munic­i­pale. Débal­lage des vict­uailles à onze heures. Ma liste était faite. Je manque. Cet après-midi, déci­sion prise: j’ap­pelle la poly­clin­ique des urgences (en est-ce-une? mais ne pas dormir?). Hypocon­dri­aque con­va­in­cu, je m’ha­bille comme si j’al­lais à mon pro­pre enter­re­ment: chemise, mocassins, jeans pro­pre, même la mon­tre de poignet, que j’ai assor­tie. Et j’emporte, à fin de lec­ture dans la salle d’at­tente (recom­mand­able) ” De la pro­priété cap­i­tal­iste à la pro­priété humaine” de Mounier. Et patiente. En bon chrétien…

L’é­goïsme? Mais je crois bien! Il est révo­lu­tion­naire. Ce n’est pas la sol­i­dar­ité qu’il faut. Avec elle, l’é­gal­i­tarisme, le tra­vail au rabot des orig­i­nal­ités, le place­ment en cas­es, donc le sys­tème — abscisse et ordon­née. L’é­goïsme n’est pas le défaut de con­sid­éra­tion de l’autre, c’est le juste partage entre soi et autrui, la com­po­si­tion intel­li­gente avec le besoin. La nature n’est pas imbé­cile, quant aux imbé­ciles ils meurent par la nature. Alors que nous voyons? Dans l’en­tourage mas­si­fié? Un ralen­tisse­ment du drame. Un vaste bain. La volon­té sur­nage. A peine. Et au-dessus de ce bassin d’amol­lisse­ment, un pom­page! Hon­teux, mor­tifère. La force vitale, déjà raré­fiée par le trop plein de siè­cles, aspirée vers les cen­tres de faib­lesse (le bid­ule qui injecte l’air et fil­tre, sur le côté de la vit­re, je ne suis pas Chi­nois, je ne con­nais pas les aquariums).