Depuis trois jours, réveillé par un saut, vers les quatre heures, les parties en feu. Je me retiens de gratter. Je soulève et secoue, je lisse. Résiste. Résiste encore. Assez! Je gratte, et gratte et gratte. Et quoi? Un retour de flammes. Des succubes mordraient à pleines dents mes couilles, je n’aurais pas d’autre douleur. Le heures passent. Vient le jour. Entre temps j’ai lu en pignochant Maritain, Cocteau, Valéry, Calaferte, Bouveresse et Henri Thomas (il faut le prénom). Suffit pas. Cela démange jusqu’à la calotte crânienne. Montée à l’étage. Sur la lunette des chiottes, j’explore. En 1985, pour avoir bardé mon torse d’un vieux pull de laine extirpé des placards, mon corps fut infesté de morpions. Peut-être suis-je au même régime? Mais non, pas. Dans la poussière aimable qui se répand, je ne vois que les miettes du talc que j’ai tartiné sur mes moyens, aucun ciron vibratile. Lorsque je me rendors enfin — sept heures tapantes — les rêves qui me visitent conjuguent Hollywood et Tchernobyl. Nous sommes mercredi. Le jour de l’épicerie nomade sur la place municipale. Déballage des victuailles à onze heures. Ma liste était faite. Je manque. Cet après-midi, décision prise: j’appelle la polyclinique des urgences (en est-ce-une? mais ne pas dormir?). Hypocondriaque convaincu, je m’habille comme si j’allais à mon propre enterrement: chemise, mocassins, jeans propre, même la montre de poignet, que j’ai assortie. Et j’emporte, à fin de lecture dans la salle d’attente (recommandable) ” De la propriété capitaliste à la propriété humaine” de Mounier. Et patiente. En bon chrétien…